Aux complies du mardi

Ode 1

Hirmos Le Seigneur est mon aide et mon protecteur, c’est lui qui m’a sauvé, c’est lui mon Dieu, je le glorifierai ; c’est le Dieu de mes pères et je l’exalterai, car il a fait éclater sa gloire.[1]

J’ai mis mes pas dans les pas de Caïn, et j’ai choisi de devenir meurtrier, car j’ai flatté ma chair et attenté à mon âme par les œuvres de mes péchés.[2]

Je n’ai pas imité la justice d’Abel, ô Jésus, je ne t’ai présenté ni offrandes pures, ni œuvres selon Dieu, ni sacrifices agréables, ni celui d’une vie irréprochable.[3]

Nous aussi, âme endurcie, à l’exemple de Caïn nous n’avons offert au Créateur de toutes choses que des actions souillées, des sacrifices répréhensibles et une vie mauvaise, c’est pourquoi nous avons encouru la condamnation.

Comme un potier façonnant l’argile, tu m’as donné une chair et des os animés d’un souffle de vie, aujourd’hui, ô mon Créateur, ô mon Rédempteur, ô mon Juge, ne repousse pas ma pénitence.[4]

Je confesse devant toi, ô mon Sauveur, les péchés que j’ai commis, je dévoile les blessures de mon âme et de mon corps, telles que me les ont faites, semblables à des brigands, mes pensées meurtrières.[5]

J’ai péché, ô mon Sauveur, mais je connais ton amour pour l’homme, tu frappes avec clémence et tu compatis avec ardeur, Tu me vois en pleurs et tu cours au devant de moi comme le père accueillant le fils prodigue.[6]

Gloire au Père… Ô Trinité supersubstantielle, qui es adorée dans ton Unité, soulage-moi du fardeau pesant de mes péchés, et accorde-moi dans ta compassion des larmes de repentir.

Maintenant et toujours… Ô Mère de Dieu, espérance et protection de ceux qui te chantent, allège le poids, le fardeau de mes péchés ; très-sainte Souveraine, accueille-moi transformé par le repentir.

Ode 2

Hirmos Cieux, prêtez l’oreille et je parlerai, je chanterai des hymnes au Christ qui, pour venir à nous, a pris chair dans le sein de la Vierge.[7]

J’ai perdu ma beauté et ma noblesse originelle et depuis me voici gisant dans la nudité et je suis en proie à la honte.

Le péché a cousu pour moi des vêtements de peau, après m’avoir dépouillé de la robe tissée par Dieu lui-même.[8]

Je me suis enveloppé du vêtement de la honte comme des feuilles du figuier, témoin des passions dont je suis l’esclave.[9]

Je me suis revêtu d’une tunique couverte de taches et honteusement ensanglantée par une vie vouée à l’amour du plaisir.

J’ai souillé la tunique de ma chair et je l’ai couverte de taches, moi qui fus créé à ton Image, ô Sauveur, et à ta Ressemblance.[10]

Je suis tombé sous le fardeau des passions et de la matière corruptible, et maintenant l’ennemi m’oppresse.

À la pauvreté j’ai préféré une vie avare et cupide, et je gémis maintenant, ô mon Sauveur, sous le poids qui m’écrase.

J’ai décoré l’idole de ma chair du vêtement bigarré des desseins honteux, et je me suis condamné.

Je n’ai pensé qu’à la seule beauté extérieure, et j’ai négligé mon sanctuaire intérieur qui porte l’empreinte divine.[11]

Me déguisant à moi-même l’inconsistance des passions, à force d’aimer le plaisir, j’ai terni la beauté de mon esprit.

J’ai enseveli la beauté de l’icône originelle dans l’abîme de mes passions, mais toi, ô Sauveur, tu me cherches et me retrouves comme la drachme perdue.[12]

Comme la prostituée, je suis tombé dans la multitude des transgressions, c’est pourquoi je te crie : “J’ai péché contre toi, ô mon Sauveur, accepte l’offrande de mes larmes comme le parfum d’une huile aromatique.”[13]

Comme David je suis tombé dans l’intempérance et je me suis roulé dans la boue, mais lave-moi, ô mon Sauveur, par mes larmes ![14]

Je t’implore comme le publicain : aie pitié de moi, ô mon Sauveur, aie pitié de moi, car nul parmi les fils d’Adam n’a autant péché que moi ![15]

Gloire au Père… Je suis la Trinité simple, sans séparation, sans confusion entre les Personnes, Je demeure Une par nature : Père, Fils et Esprit divin !

Maintenant et toujours… Vierge Mère de Dieu, ô très-pure et seule digne de nos chants, intercède constamment pour que nous soyons sauvés.

Ode 3

Hirmos Affermis, Seigneur, mon cœur ébranlé sur le rocher de tes commandements, car toi seul tu es Saint et Seigneur.[16]

En toi j’ai la source de vie, ô Vainqueur de la mort, et du fond de mon cœur je crie vers toi : “J’ai péché, mais avant la fin, aie pitié de moi et sauve-moi !” [17]

J’ai imité, ô Sauveur, les contemporains inconscients de Noé et j’ai encouru leur condamnation, submergé, comme eux, par le déluge.[18]

J’ai péché, ô Seigneur, j’ai péché contre toi, aie pitié de moi, il n’est pas, parmi les hommes, de pécheur plus grand que moi !

Tu as imité Cham, qui méprisa son père, tu n’as pas, ô mon âme, voilé la honte de ton prochain en reculant vers lui discrètement.[19]

Tu n’as pas hérité, ô âme misérable, de la bénédiction de Sem, tu n’as pas reçu comme Japhet une large part de la terre du repos.[20]

Déserte Charran, ô mon âme, déserte la terre du péché, viens habiter le sol d’où jaillit la vie incorruptible, qui est devenue l’héritage d’Abraham.[21]

Tu le sais, ô mon âme : Abraham quitta jadis le pays de ses pères et devint étranger sur la terre : imite sa résolution ![22]

Pitié pour moi, Seigneur, pitié pour moi, tel sera mon cri, lorsque tu viendras parmi tes Anges saints rendre à chacun selon ses actions.

Gloire au Père… Trinité toute digne de nos chants, Dieu unique en Trois Personnes, sauve-nous qui fidèlement nous prosternons devant ta majesté.

Maintenant et toujours… Sans semence tu as conçu le Fils du Père intemporel, tu l’as mis au monde et dans le temps : étrange merveille, Vierge et Mère de Dieu.

Notes

[1] Ps 118 ; Ex 15, 1-2

[2] Gn 4, 8

[3] Gn 4, 4

[4] Gn 2, 7

[5] Ps 32, 5 ; Lc 10, 30

[6] Lc 15, 20

[7] Dt 32

[8] Gn 3, 21

[9] Gn 3, 7

[10] Gn 1, 26

[11] 1Co 3, 16

[12] Lc 15, 8-10

[13] Lc 7, 37-38

[14] 2 S 11, 2-4

[15] Lc 18, 13 ; 1Tm 1, 15

[16] 1 S 2, 2 ; Ps 40, 2

[17] Ps 36, 10

[18] Gn 7, 23

[19] Gn 9, 23

[20] Gn 9, 26-27

[21] Gn 12, 4

[22] Gn 12, 1-4