Ode 4

Hirmos Ayant appris ton avènement, Seigneur, le prophète fut saisi de stupeur ; sachant que tu naîtrais d’une Vierge et te manifesterais aux hommes il s’écria : “J’ai entendu ta clameur et j’ai eu peur ! Gloire à ta puissance, Seigneur !”[1]

Réveille-toi mon âme, et combats à l’exemple de Jacob le grand patriarche, pour obtenir l’action unie à la connaissance, gagner un esprit voyant Dieu, percer les ténèbres impénétrables par la contemplation et acquérir un grand trésor ![2]

En engendrant les douze patriarches, Jacob dresse devant tes yeux, ô mon âme, une échelle mystique d’ascension par les œuvres ; il dispose ses douze fils comme autant de degrés d’élévation dans la sagesse. [3]

Tu as imité Esaü, ô âme envieuse, en vendant au supplanteur le droit d’aînesse de la beauté originelle, et tu as été écartée de la bénédiction paternelle, ainsi te voilà doublement trompée dans tes œuvres et dans ta connaissance. Convertis-toi désormais ![4]

Esaü fut surnommé Édom à cause de son insatiable passion pour les femmes, car brûlant toujours d’incontinence et tout souillé par les plaisirs, on le nomma Édom, c’est-à-dire : âme éprise du péché.[5]

Job sur son fumier fut soumis et ainsi fut-il justifié, mais toi, ô mon âme, tu n’as pas voulu imiter son courage ni sa fermeté dans les épreuves, et sa patience t’a fait défaut.[6]

Lui, naguère sur un trône, le voilà nu sur le fumier ; lui, jadis, père de nombreux enfants et couvert de gloire, le voici tout à coup sans fils et sans abri : le fumier lui sert de palais et les ulcères de joyaux précieux ![7]

Gloire au Père… Ô Unité simple et Incréée, Nature éternelle glorifiée en trois Hypostases, sauve-nous, nous qui t’adorons en confessant ta puissance !

Maintenant et toujours… Ô Vierge, tu as enfanté et vierge tu es demeurée, car ton sein virginal met au monde Celui qui renouvelle les lois de la nature : Dieu lui-même le veut ainsi.

Ode 5

Hirmos Dans la nuit je veille, éclaire-moi, ô Ami de l’homme, guide-moi sur le chemin de tes commandements et enseigne-moi, mon Sauveur, à faire ta Volonté.[8]

Tu le sais, ô mon âme, le berceau de Moïse fut porté par les flots du Nil comme une arche de salut et le juste échappa ainsi aux ordres meurtriers de Pharaon.[9]

Tu le sais, ô mon âme, les sages-femmes d’Égypte refusèrent jadis de tuer les enfants mâles, fruits de la sagesse ; toi, désormais, comme le grand Moïse, nourris-toi au sein de la Sagesse.[10]

Tu n’as pas frappé à mort l’Égyptien spirituel, ô mon âme, à l’exemple du grand Moïse, tu ne saurais donc habiter le désert où l’on s’éloigne des passions par la pénitence.[11]

Le grand Moïse a résidé au désert, viens donc, ô mon âme, imite sa traversée, afin de pouvoir contempler la théophanie dans le buisson ardent.[12]

Façonne pour toi-même, ô mon âme, le bâton de Moïse qui divisa la mer et fixa les abîmes, figure de la divine Croix par laquelle, toi aussi, tu accompliras de grandes choses.[13]

Aaron offrait à Dieu un feu pur et sans mélange, mais Hophni et Phinéas lui présentaient, comme toi, ô mon âme, l’odieux tribut d’une vie souillée.[14]

Gloire au Père… Nous te glorifions comme un seul Dieu, trois fois sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, consubstantielle divinité, sans cesse nous t’adorons.

Maintenant et toujours… De toi, ô Vierge immaculée, sainte Mère de Dieu, le divin Créateur des siècles éternels prit notre chair pour s’unir intimement à la nature des mortels.

Notes

[1] Ha 3, 2

[2] Gn 32, 25-31

[3] Gn 29, 31 ; 30, 24 ; 35, 16-20

[4] Gn 25, 34 ; 27, 1-29

[5] Gn 36, 1-3

[6] Job 2, 8-10

[7] Job 1-2

[8] Is 26, 9-20 ; Ps 143, 8-9

[9] Ex 2, 3

[10] Ex 1, 17

[11] Ex 2, 12

[12] Ex 3, 1-6

[13] Ex 14, 16

[14] 1S 2, 12-15