Ode 4

Hirmos Ayant appris ton avènement, Seigneur, le prophète fut saisi de stupeur ; sachant que tu naîtrais d’une Vierge et te manifesterais aux hommes il s’écria : “J’ai entendu ta clameur et j’ai eu peur ! Gloire à ta puissance, Seigneur !”[1]

Naguère encore royalement vêtu, le juste Job portait le diadème et la pourpre ; il était comblée de richesses et d’innombrables troupeaux, le voilà subitement tombé dans la misère, privé de toute sa gloire et de sa royauté ! [2]

Si un tel homme, juste et irréprochable entre tous, n’a pas pu échapper aux pièges du tentateur, que feras-tu, ô âme misérable et éprise du péché, quand le malheur fondra sur toi ?[3]

Mon corps est souillé, mon esprit est sali, je suis tout entier couvert d’ulcères, mais toi, ô Christ, médecin de nos âmes et de nos corps, guéris-moi par la pénitence, lave-moi, ô mon Sauveur, et je serai plus blanc que la neige ! [4]

Sur la Croix, ô Verbe, tu as offert pour tous ton Corps et ton Sang : ton Corps pour renouveler le mien, ton Sang pour me laver, et tu as rendu l’esprit, ô Christ pour me ramener à ton Père.[5]

Tu as opéré le salut au milieu de la terre, ô Créateur, afin de nous sauver, et tu as été cloué à l’arbre de douleurs ; le paradis naguère inaccessible s’est ouvert à nouveau ; c’est pourquoi les célestes et les terrestres, la création tout entière et la foule des nations rachetées t’adorent!

Que le Sang et l’eau qui coulèrent de ton flanc soient pour moi comme un bain baptismal, un breuvage de rédemption, ainsi, tes paroles de vie étant pour moi à la fois une onction parfumée et une boisson qui désaltère, je serai doublement purifié ![6]

Je suis exclus de la chambre nuptiale, banni loin du festin des noces de l’Agneau ; ma lampe s’est éteinte faute d’huile, pendant mon sommeil les portes se sont refermées et le festin s’est consommé sans moi ; pieds et mains liés on m’a jeté dehors.[7]

L’Église est le calice qui reçoit, de ton Côté vivifiant, la double source du pardon et de la connaissance, figure des deux Testaments, l’ancien et le nouveau, en un seul réuni, ô mon Sauveur ![8]

Gloire au Père… Indivisible substance, Divinité unique en Trois Personnes distinctes dont le règne et le trône sont un, je te chante l’hymne trois fois sainte au plus haut des cieux !

Maintenant et toujours… Ô Vierge, tu as enfanté et vierge tu es demeurée, car ton sein virginal met au monde Celui qui renouvelle les lois de la nature : Dieu lui-même le veut ainsi.

Ode 5

Hirmos Dans la nuit je veille, éclaire-moi, ô Ami de l’homme, guide-moi sur le chemin de tes commandements et enseigne-moi, mon Sauveur, à faire ta Volonté.[9]

Intérieurement endurci sous la main du cruel Pharaon, me voilà, ô Maître, devenu semblable à Jannès et à Jambrès, d’âme et de corps ; mon esprit succombe, hâte-toi de me secourir !

Mon esprit s’est abaissé jusqu’à la boue ! Ô Maître, je t’en supplie : lave-moi en m’inondant de mes larmes pour faire étinceler de la blancheur de la neige la tunique de ma chair ![10]

Pour peu que j’examine, ô Sauveur, le tissu de mes actions, je reconnais aussitôt que j’ai surpassé tous les hommes en perversité, ayant péché en toute conscience et non par ignorance.

Fais grâce, fais grâce, Seigneur, à ta créature, j’ai péché, pardonne-moi : toi seul es sans péché, hors toi nul n’est exempt de souillure.[11]

C’est pour moi qu’étant Dieu tu as revêtu la nature humaine, multipliant les miracles, guérissant les lépreux, redressant les paralytiques, faisant tarir un flux de sang par le seul contact du pan de ton manteau, ô Sauveur.[12]

Gloire au Père… Célèbre et glorifie, ô mon âme, la Trinité simple, indivisible et consubstantielle, l’unique Substance trois fois sainte, Lumière de Lumières, unique Dieu Saint, Dieu vivant, Dieu de toutes choses !

Maintenant et toujours… De toi, ô Vierge immaculée, sainte Mère de Dieu, le divin Créateur des siècles éternels prit notre chair pour s’unir intimement à la nature des mortels.

Ode 6

Hirmos De tout mon cœur j’ai invoqué le Dieu de miséricorde et il m’a entendu. Il m’a fait remonter de l’enfer, il a libéré ma vie de la corruption. [13]

Lève-toi et combats les passions de la chair, comme jadis Josué combattit Amalec, terrasse maintenant les pensées mensongères, ces nouveaux Gabaonites ! [14]

Traverse, ô mon âme, le fleuve du temps, comme l’Arche de l’Alliance traversa à sec et prends possession de la terre de la promesse, selon la volonté divine.[15]

Comme tu as sauvé Pierre qui sur les eaux t’appelait à son secours, sauve-moi, ô mon Sauveur, en étendant ton bras, arrache-moi à la bête féroce et à l’abîme de mes péchés ![16]

Ô Christ, je vois en toi un port calme et tranquille, retire-moi, Seigneur, des abîmes impénétrables du péché et des naufrages du désespoir.

Gloire au Père… Je suis l’indivisible Trinité et par nature l’Unité, dit le Père avec le Fils et l’Esprit divin.

Maintenant et toujours… Ton sein a mis au monde pour nous un Dieu qui se conforme à notre humanité ; ô Mère de Dieu, supplie le Créateur de l’univers afin que par tes prières nous soyons justifiés.

Kondakion Réveille-toi ! pourquoi dormir, ô mon âme, pourquoi dormir ainsi ? car voici la fin s’approche, et tu rendras compte au jugement. Veille donc, ô mon âme, pour que t’épargne le Christ Dieu, lui qui est partout, dans tout l’univers qu’il comble de sa présence.

Notes

[1] Ha 3, 2

[2] Job 1

[3] Job 1, 8-12

[4] Ps 51

[5] Lc 23, 46

[6] Jn 19, 34 ; 6, 63

[7] Mt 22, 13 ; 25, 1-13

[8] Jn 19, 34

[9] Is 26, 9-20 ; Ps 143, 8-9

[10] Ps 69, 3

[11] 1Jn 3, 5

[12] Mc 2, 3-12

[13] Jon 2, 3-10

[14] Jos 9, 21-27

[15] Jos 3, 14-17

[16] Mt 14, 30-31