La Transfiguration du Chrétien passe par la Crucifixion : Textes de saint Macaire.

Homélie II 25, 3-4

Ainsi donc, celui qui veut devenir participant de la gloire divine et voir dans la partie maîtresse de son âme comme dans un miroir, la forme du Christ, doit rechercher le secours puissant de Dieu, jour et nuit, avec un amour insatiable et un élan inassouvi, de tout son cœur et de toute sa force. Ce secours, il lui sera impossible de l’obtenir s’il ne renonce pas d’abord, comme il a été dit, aux jouissances du monde, aux convoitises de la puissance adverse, laquelle est ennemie de la lumière et une énergie mauvaise qui ne s’accorde pas avec l’énergie bonne et lui est tout à fait étrangère…

Nous n’avons pas encore reçu l’allégresse du Christ. Car l’aiguillon de la mort reste encore fiché en nous… En effet, nous sommes encore sous l’influence de la nuit obscure, nous n’avons pas encore endossé les armes de la lumière[1], puisque nous ne nous sommes pas encore dépouillé des armes, des flèches et des œuvres des ténèbres. Nous ne sommes pas encore transformés par le renouvellement de l’intellect[2], car nous sommes encore conformes au modèle de ce monde[3] par la vanité de nos préoccupations. Nous ne sommes pas encore glorifiés avec le Christ, parce que nous n’avons pas encore souffert avec lui[4]. Nous ne portons pas encore « en notre corps ses stigmates »[5] en étant entrés dans le mystère de la croix du Christ. Car nous vivons encore parmi les passions charnelles et les convoitises.

Homélie 15, 42 : Porter la croix dans le cœur et l’intellect.

Celui qui veut acquérir l’instruction commence par aller apprendre l’alphabet, et quand il sera devenu le premier à l’école élémentaire, il ira à l’école romaine, où il sera le dernier. Quand il sera redevenu premier, il ira à l’école des grammairiens, où il se retrouvera à nouveau débutant et le dernier de tous… Si le monde visible comporte déjà tant de gradations, combien davantage les mystères célestes auront-ils leurs progressions et verront-ils s’accroître le nombre de leurs degrés ; c’est donc au prix de beaucoup d’exercices et d’épreuves que celui qui les parcourt devient parfait. En effet, quand les chrétiens ont vraiment goûté à la grâce et portent le signe de croix sur leur intellect et sur leur cœur, ils regardent toutes choses comme du fumier et de la pourriture, du roi au dernier des pauvres, et ils sont capables de comprendre que tout le monde terrestre, tous les trésors royaux, la gloire, les paroles des sages, sont illusoires, manquent de fondement solides et ne font que passer. »

Homélie 53, 17 : Le chemin étroit.

… Les âmes qui désirent être unies à l’Époux céleste et régner avec lui, doivent suivre la voie étroite et resserrée dans laquelle lui-même a marché, se donnant à nous comme modèle. Si elles [les âmes] se détournent vers un autre chemin, en ne portant ni les stigmates ni les souffrances du Seigneur, ces âmes seront tenues pour des prostituées et rejetées du Royaume.

Homélie 10, 1 : Le chemin vers l’illumination.

Les âmes amies de la vérité et de Dieu qui, avec une grande espérance et une grande foi, désirent revêtir parfaitement le Christ, n’ont pas tellement besoin des avertissements d’autrui, et elles ne supportent pas, même un court moment, d’être privées du désir céleste et de l’amour passionné envers le Seigneur. Mais, étant totalement et sans réserve clouées à la croix du Christ, elles perçoivent en elles-mêmes, jour après jour, le sentiment d’un progrès spirituel, vers la chambre nuptiale. blessées par le désir du ciel, affamées de la justice et des vertus, elles ont un ardent et insatiable désir de l’illumination de l’Esprit… Plus elles s’enrichissent spirituellement, plus estiment être pauvres, parce que leur désir spirituel de l’Époux céleste est devenu insatiable, comme le dit l’Écriture : « Celui qui me mange a encore faim, et celui qui me boit a encore soif »[6].

Notes

[1] Rom 13, 12

[2] cf. Rom 12, 2

[3] cf. Éph 4, 17

[4] cf. Rom 8, 17

[5] cf. Gal 6, 17

[6] Sir 24, 29