Dieu soleil intelligible :

« Dieu nous accorde et nous accordera encore de nombreux et grands bienfaits dont nul ne pourrait dresser l’inventaire ni faire le compte ; or le plus important de ses bienfaits et celui qui manifeste le mieux sa bienveillance à l’égard des humains, c’est de nous attirer et de nous unir à lui. Oui, Dieu joue dans le domaine des choses intelligibles le rôle que joue le soleil dans le domaine des choses sensibles : ce dernier éclaire le monde invisible, Dieu, lui, le monde invisible ; celui-là donne un aspect ensoleillé aux choses corporelles que l’on voit, celui-ci donne une perfection qui est une marque divine aux choses spirituelles. Et comme [le soleil] est lui-même la suprême beauté de l’univers visible du fait qu’il procure à ceux qui voient la puissance de voir, et aux choses visibles la possibilité d’être vues, ainsi, dans l’univers intelligible, en donnant à ceux qui sont doués d’intelligence la puissance de l’esprit, et aux choses intelligibles la possibilité d’être saisies par l’esprit, Dieu se trouve lui-même au sommet de la catégorie des intelligibles ; toute chose a sa finalité en lui, sans le dépasser d’aucune manière, car l’esprit, même le plus savant et le plus sublime ou le plus ouvert, ne s’élève pas et ne s’élèvera d’aucune façon plus haut. Voilà, en effet, le terme suprême que l’on peut atteindre et ceux qui y sont arrivés y trouvent le repos d’une contemplation totale. »[1]

Dieu est la lumière suprême :

« Dieu est la lumière suprême, inaccessible et inexprimable ; elle n’est ni comprise par l’esprit, ni exprimée par la parole ; et elle illumine toute nature douée de raison […] Dans la mesure où nous sommes purifiés, elle nous apparaît ; dans la mesure où elle nous apparaît, elle est aimée de nous ; et dans la mesure où nous l’aimons, en retour nous la connaissons ; elle se contemple et se comprend elle-même et se répand peu dans ce qui est extérieur à elle. Je parle de la lumière qui est contemplée dans le Père, le Fils et le Saint Esprit ; leur richesse, c’est l’identité de nature et le jaillissement unique de leur splendeur. La deuxième lumière, c’est l’ange qui est une sorte d’écoulement de la première Lumière ou de participation à elle ; parce qu’elle a une propension vers elle, et qu’elle le soutient, il tient d’elle son illumination. Je ne sais pas si c’est le rang occupé par chacun qui mesure son illumination, ou bien si chacun reçoit son rang à la mesure de son illumination. La troisième lumière c’est l’homme, et cela est manifeste même aux gens du dehors ; en effet, ils donnent à l’homme le nom phôs (lumière) à cause de la puissance de l’intelligence qui est en nous ; et inversement, ce nom est donné à ceux d’entre nous-mêmes qui sont plus semblables à Dieu et qui s’approchent plus de Dieu. Je connais encore une autre lumière : celle qui a chassé les ténèbres primitives ou les a déchirées, elle qui fut produite en premier temps de la création visible, et celle qui éclaire la révolution circulaire des astres et le luminaire d’en haut, bref, le monde entier. »[2]

Notes

[1] Grégoire de Nazianze, Discours 21, 1, 9-26 (SC 270, p. 110-112)

[2] Grégoire de Nazianze, Discours 40, 5, 1-21 (SC 358, p. 204-206)