La contemplation de la lumière pure requiert la purification de l’intellect[1]

« Dieu est lumière, et la plus haute lumière ; un faible écoulement, un faible rayonnement venant jusqu’ici-bas, c’est toute notre lumière, encore qu’elle nous paraisse très brillante ; mais vois-tu, Dieu foule notre obscurité, et il a placé les ténèbres comme sa retraite[2] entre lui et nous ; comme jadis Moïse plaça aussi le voile entre lui-même et l’endurcissement d’Israël : c’est pour que notre nature enténébrée ne voie pas facilement la beauté cachée et que bien peu méritent de la voir ; c’est aussi pour éviter que, si nous l’atteignons facilement, nous ne le perdions aussi facilement, à cause de l’aisance qu’il y aurait à l’acquérir ; il faut que notre lumière prenne contact avec la Lumière – cette dernière l’attirant sans cesse vers les hauteurs par le désir – il faut que notre esprit purifié s’approche de la pureté absolue et qu’une partie de celle-ci lui apparaisse maintenant et le reste plus tard, en récompense de la vertu, de l’élan d’ici-bas vers cette pureté absolue, ou plutôt de l’assimilation à elle. »

L’homme est appelé à devenir la lumière[3]

« Devenons lumière, comme les disciples reçurent ce nom quand la grande Lumière leur disait : Vous êtes la lumière du monde[4]. Devenez des flambeaux dans le monde, tenant la parole de vie[5], c’est-à-dire une puissance de vie pour les autres. Saisissons la divinité, saisissons la première et la plus pure Lumière. Marchons vers sa clarté avant que nos pieds ne heurtent contre des montagnes enténébrées et hostiles. Tant qu’il fait jour, marchons avec dignité comme pendant le jour, non avec ripailles et beuveries, non avec luxures et débauches[6] qui sont les larcins de la nuit. Purifions chaque membre frère, sanctifions chaque sens ; que rien en nous ne soit imparfait ni ne relève de la première naissance ; ne laissons rien qui ne soit illuminé. Purifions l’œil, afin que notre regard soit droit… Illuminons l’oreille, illuminons la langue… Guérissons l’odorat… Purifions le toucher, le goût, la gorge… Il est encore bon de purifier la tête… Il est bon aussi de sanctifier et de purifier l’épaule, afin qu’elle puisse porter la croix du Christ… Il est bon aussi de rendre parfait les mains et les pieds… Il y a aussi une purification du ventre… Je trouve que le cœur et les viscères sont dignes d’honneur… Et que dire des flancs ? Et que dire des reins ? Ne laissons pas cela de côté ; que la perfection les touche aussi !… Offrons-nous tout entiers, soyons des holocaustes spirituels, des victimes parfaites, ne prélevons pas pour le prêtre l’épaule seule, la poitrine seule – c’est là peu de chose – mais donnons-nous tout entiers pour nous recevoir en retour tout entiers, car c’est purement recevoir que se donner à Dieu et faire de notre propre salut une offrande sacrée. »

Notes

[1] Grégoire de Nazianze, Discours 32, 15, 1-13 (SC 318, p. 116)

[2] Ps. 17, 12

[3] Grégoire de Nazianze, Discours 40, 38 (SC 358, p. 284 – 292 )

[4] Mt 5, 14

[5] Ph 2, 15-16

[6] Rm. 13, 13