La Transfiguration du Christ[1]

Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent éblouissants comme la lumière. Et voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors, prenant la parole, dit à Jésus : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ; si tu le veux, je vais faire ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie ». Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les prit sous son ombre, et voici qu’une voix disait de la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute la faveur ; écoutez-le ». À cette voix les disciples tombèrent la face contre terre, tout effrayés. Mais Jésus s’approchant, les toucha et leur dit : « Relevez-vous, et n’ayez pas peur ». Et eux, levant les yeux, ne virent plus personne que lui, Jésus seul.

Clément d’Alexandrie : « ce que l’âme a vu, elle en fit participer la chair »[2]

Le Seigneur, à cause de sa grande humilité n’est pas apparu comme un ange, mais comme un homme. Et quand il apparut en gloire aux Apôtres sur la montagne, ce n’était pas pour lui-même qu’il a agi en se montrant lui-même, mais pour l’Église, laquelle est une « race élue »[3], afin qu’elle apprit le progrès obtenu par le Seigneur après son exode de la chair. Car il était aussi la lumière d’en haut et « ce qui a été manifesté dans la chair », et ce qui a été vu ici-bas n’était pas inférieur à Celui d’en haut. Par le fait de son passage de là-haut, ici-bas, il n’était pas à l’état divisé comme s’il échangeait un lieu pour un autre et quittait pour gagner l’autre. Mais il était l’Omniprésent, tout à la fois auprès du Père et ici bas : car « il était la puissance opérante du Père »[4]. D’ailleurs il fallait que s’accomplit la parole que le Sauveur a dit : « Il en est plusieurs parmi vous, parmi ceux qui se tiennent ici, qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme en gloire… »[5] Toutefois ce n’est pas par des yeux charnels qu’ils virent la lumière (car il n’y a aucune affinité ni intimité entre cette lumière-là et cette chair-ci), mais selon que la puissance et la volonté du Sauveur donnèrent la capacité à la chair pour voir ; et de par ailleurs, ce que l’âme a vu, elle en fit participer la chair en communion avec elle, parce qu’elle s’enlace à elle.

Notes

[1] Mc 9, 2-10

[2] Extraits de Théodote 4 (PG IX, 656) : SC 23, p. 59-61

[3] I Pierre 2

[4] I Cor. 1, 24

[5] Mc 9,1