Pères du 1er Concile Œcuménique

Miracle au premier Concile Œcuménique

En 325, le saint empereur Constantin le Grand convoque 318 sages et saints pères de l’Église pour combattre l’hérésie d’Arius qui enseignait que le Christ n’est pas Dieu mais une de Ses créatures.

Dans le camp d’Arius, se trouvent Eusèbe de Nicomédie, Théogène de Nicée et Macaire de Chalcédoine et face à eux, des évêques et des prêtres dignes d’un profond respect, dont quelques colonnes de la foi orthodoxe, lumières de l’Église. Parmi eux, Saint Spyridon, écoute avec attention le discours foudroyant d’Arius ; cet exposé alliait une grande culture philosophique au feu de l’éloquence.

Les pères démontrent avec ardeur les erreurs de l’imagination d’Arius. Mais à ses côtés, il y a un philosophe arien enflé d’orgueil qui lance un défi aux orthodoxes, invitant quelqu’un parmi eux à venir se mesurer à lui dans une discussion sur la Sainte Trinité : son exposé est fulgurant, ses arguments et sa verve rendent toute discussion impossible et ne laissent aucun temps pour répondre.

Saint Spyridon comprend que c’est son heure. Alors que tous parlent encore avec fièvre, il s’avance et dit : “Viens philosophe et discutons ensemble”. Les autres Pères le sachant pur et vertueux mais sans grande instruction, essaient de l’en dissuader afin qu’il ne soit pas ridiculisé par le philosophe. Mais le Saint bien déterminé, regarde le philosophe bien en face et lui dit : “Au nom de Jésus Christ, écoute-moi.”

“Parle”, lui répond le philosophe. Alors Saint Spyridon affirme avec calme et simplicité : “Trois sont les personnes de la Sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint Esprit, un est Dieu. L’intelligence humaine est trop petite pour comprendre l’immensité de la Divinité.”

Veux-tu maintenant voir ce que tu ne peux saisir intellectuellement ? Regarde, dit-il en sortant une tuile de sa poche. Si je te demande combien d’objets je tiens dans la main, tu me répondras : un seul. Et pourtant, voici la preuve que ce que tu crois être un ne l’est pas”. Faisant alors le Signe de croix, il dit : “Au nom du Père” et à ces mots, à la stupéfaction générale une flamme s’élève, de la tuile qu’il tient dans sa main, vers le ciel ; la flamme qui avait cuit la tuile. Le saint, rempli de la Grâce de Dieu, continue humblement : “Et du Fils”… de l’eau s’échappe de la tuile et tombe à terre… “Et du Saint Esprit”. Dans la main du saint, il ne reste plus que la terre. “Trois”, dit-il, “étaient les éléments qui composaient cette tuile et pourtant, ils ne faisaient qu’un. Ainsi en est-il de la Sainte Trinité”.

Le fameux philosophe reste un temps sans voix, puis il dit à Saint Spyridon : “Je crois et je confesse, saint homme, tout ce que tu as dit”. Et s’adressant à Arius et à ses amis, il les cita à faire de même. Ainsi le Concile se termine dans la joie pour les Pères de l’Église, à la grande confusion des Ariens. (Source)

Fin funeste d’Arius – extrait du synaxaire

À peine Constantin le Grand fut-il passé de ce monde vers Dieu, laissant le sceptre à son fils Constance, Arius vint trouver l’empereur et lui dit : J’abandonne tout et je veux m’unir à l’Église de Dieu. Ayant écrit ses hérésies, il les suspendit à son cou et, faisant comme s’il obéissait au Concile, il les frappa de sa main et dit qu’il se soumettait. Dans sa négligence, l’empereur ordonna au patriarche de Constantinople de recevoir Arius à la communion. C’était alors Alexandre, qui avait succédé à Métrophane. Connaissant les mauvaises dispositions de cet homme, il hésitait et pria Dieu de lui montrer s’il était de sa volonté qu’il communiât Arius. Quand vint le moment où il devait concélébrer avec lui, la prière se fit plus ardente. Arius, en se rendant à l’église, heurta quelque part la colonne du forum, et son ventre s’ouvrit, au point que ses excréments s’écoulèrent en public. Ayant ainsi éclaté, il laissa s’échapper par-dessous sa constitution intime, imitant Judas en sa façon de se déchirer par le milieu, pour avoir trahi le Verbe lui aussi. Ayant arraché le Fils de Dieu à la nature du Père, il se déchira lui-même et fut trouvé mort. Et c’est ainsi que l’Église de Dieu fut délivrée d’un pareil fléau.
Par les prières des trois cent dix-huit Pères saints et théophores, Christ notre Dieu, aie pitié de nous, Amen.

Accéder directement à l’homélie du père René.

Textes du pentécostaire

Lucernaire – Stichères des Pères du premier Concile Œcuménique

Dès l’aurore tu fus engendré du sein paternel * avant les siècles, sans qu’une mère t’ait conçu, * même si Arius te glorifie comme créature, non comme Dieu, * mêlant effrontément la créature et son Auteur, * et méritant par là le feu éternel, * mais le concile de Nicée te proclame Fils de Dieu, * Seigneur qui partages un même trône avec le Père et l’Esprit.

Qui a déchiré ta tunique, Sauveur ? * C’est Arius, qui sépare et divise en la Trinité * l’égale gloire et l’éternelle majesté ; * il n’admet pas que tu es l’Un de la sainte Trinité, * il inspire à Nestorius de rejeter l’expression « Mère de Dieu », * mais le concile de Nicée te proclame Fils de Dieu, * Seigneur qui partages un même trône avec le Père et l’Esprit.

Il est tombé dans le gouffre des impies, * Arius, selon qui la lumière ne peut être vue * et, les entrailles déchirées par la justice de Dieu, * il rendit son âme et tout son être violemment, * comme un autre Judas par la conduite et la pensée, * mais le concile de Nicée te proclame Fils de Dieu, * Seigneur qui partages un même trône avec le Père et l’Esprit.

Arius divisa l’unique principe de la sainte Trinité * en trois êtres non pareils prenant origine diversement, * mais les Pères théophores réunis en concile, * brûlant de zèle comme Élie de Thesbé, * retranchèrent par le glaive de l’Esprit * celui qui enseignait ce blasphème honteux : * ils le firent sous la motion de l’Esprit.

Gloire… – ton 6
Célébrons en ce jour les Pères théophores, * ces clairons mystiques de l’Esprit, * qui ont fait retentir au milieu de l’Église la divine harmonie, * proclamant l’unique essence de la divine Trinité ; * contre Arius ils soutinrent la vraie foi * et sans cesse ils intercèdent auprès de Dieu * pour qu’il prenne nos âmes en pitié.

Lecture des Actes des Apôtres

(Ac XX,16-18,28-36)

Frères, en ces jours-là, Paul avait résolu de passer au large d’Éphèse sans s’y arrêter, afin de ne pas perdre de temps en Asie ; car il se hâtait pour se trouver, si cela lui était possible, à Jérusalem le jour de la Pentecôte. Cependant, de Milet Paul envoya un message à Éphèse pour convoquer les anciens de l’Église. Lorsqu’ils furent auprès de lui, il leur dit : « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang. Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. Veillez donc, vous souvenant que, durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous. Et maintenant je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, à celui qui peut édifier et donner l’héritage avec tous les sanctifiés. Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne. Vous savez vous-mêmes que ces mains ont pourvu à mes besoins et à ceux des personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré de toutes manières que c’est en travaillant ainsi qu’il faut soutenir les faibles, et se rappeler les paroles du Seigneur, qui a dit lui-même : “Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir” ». Après avoir ainsi parlé, il se mit à genoux, et avec eux tous il pria.

Lecture de l’Évangile selon Saint Matthieu

(Jn XVII,1-13)

Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel, et dit : « Père, l’heure est venue ! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu’il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire. Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût. J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi. Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données ; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi ; - et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; -et je suis glorifié en eux. Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous. Lorsque j’étais avec eux dans le monde, je les gardais en ton nom. J’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, en sorte que l’Écriture fût accomplie. Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient en eux ma joie parfaite. »

Homélie[1]

Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,

Ce Dimanche est consacré à la mémoire des 316 Pères du Premier Concile œcuménique de Nicée en 325. On peut s’étonner qu’entre les grandes solennités de la Fête de l’Ascension du Seigneur et de celle de la venue de l’Esprit Saint à la Pentecôte, l’Église ait placé la mémoire d’un événement qui parait relever davantage du cours de l’histoire événementielle que de la Révélation plénière de la foi. Il n’en est rien.

La convocation de Nicée, certes, fut un acte politique : le fait de l’empereur Constantin. L’Empire Romain, depuis la reconnaissance du Christianisme comme religion d’état, avait besoin d’une Église forte, unie et stable. Or précisément à cette époque, une hérésie, apparue à Alexandrie et suscitée par un prêtre nommé Arius, menaçait non seulement l’unité de l’Église, mais aussi par voie de conséquence celle de l’Empire. Le danger était réel. Un siècle encore après Nicée, les tribus goths du Danube acquises à l’arianisme, pénétraient en Europe, transmettant leur hérésie en Gaule, en Italie, en Espagne, jusqu’en Afrique du Nord et en Libye, faisant presque retour au point de départ de cette fausse doctrine.

Arius donnait une représentation simple et facilement acceptable de la Sainte Trinité. Pour Arius le Christ n’était qu’une créature humaine, non préexistante et secondairement unie au Père. Très tôt, l’hérésie fut condamnée par saint Alexandre, évêque d’Alexandrie.

Puis c’est au Concile de Nicée qu’il revint d’établir de façon claire et irréversible par son Symbole la véritable Personne du Christ, vrai Dieu de vrai Dieu, consubstantiel au Père et homme complet, engendré du Saint-Esprit et de la Vierge Marie. À Nicée, un des plus ardents défenseurs de la foi orthodoxe était saint Athanase, diacre de saint Alexandre puis évêque, il défendra jusqu’à sa mort, cinquante ans plus tard, la foi de Nicée au prix de nombreuses épreuves dont cinq déportations. Saint Athanase et, avec lui, les Pères de Nicée reconnurent au Fils de Dieu, coéternel et consubstantiel au Père, toute la plénitude de la divinité[2].

S’il a revêtu notre humanité, c’était en vue de notre salut et plus encore de notre déification à venir : « Dieu s’est fait homme, dit saint Athanase, pour que l’homme devienne dieu. » Cette affirmation se trouve déjà chez saint Irénée. Elle ne devait cesser de se développer en Orient jusqu’à saint Grégoire Palamas et, bien entendu, dans la conscience de l’Église Orthodoxe et de ses fidèles jusqu’à nos jours. 
Ainsi le rappel de la foi de Nicée trouve-t-il naturellement sa place après la Fête de l’Ascension du Christ. L’Ascension est l’accomplissement du mystère de notre salut. À l’Incarnation le Verbe se fait chair et l’homme devient le lieu de Dieu. À l’Ascension notre nature entre dans la Gloire de la Saint Trinité. Après s’être abaissé jusqu’à revêtir notre corps, Dieu nous élève jusque dans le sein de Sa propre divinité. Quand le Christ retourne auprès du Père que, comme Verbe de Dieu, Il n’a jamais quitté, Il emporte notre nature non seulement pour la sauver mais aussi pour la diviniser. C’est ainsi que la foi d’Athanase, la foi des Pères de Nicée, reprend l’affirmation de saint Paul : le Christ nous a ressuscités avec Lui et, avec Lui, Il nous fait déjà asseoir dans les Cieux auprès du Père[3].

Pour autant, l’œuvre des Pères de Nicée n’a été parachevée qu’au Concile suivant, celui de Constantinople, d’où l’appellation de notre Credo de Symbole de Nicée et de Constantinople. En effet, un autre hérésiarque, évêque cette fois, du nom de Macédonius, entreprenait à son tour de récuser la divinité du Saint Esprit. C’est grâce aux Pères cappadociens, à saint Grégoire le théologien, saint Grégoire de Nysse et surtout saint Basile le Grand, qu’a été éradiquée cette dernière hérésie. Saint Basile a établi la divinité de l’Esprit Saint et Sa consubstantialité au Père, même s’il ne l’a pas exprimé formellement. C’est depuis que nous proclamons que l’Esprit est Seigneur, qu’Il procède du Père et qu’Il est adoré et glorifié avec le Père et le Fils. D’ailleurs les Apôtres, saisis par l’Esprit de la Pentecôte, à leur première réunion à Jérusalem, ont reconnu la primauté de l’inspiration du Saint Esprit en affirmant « L’Esprit Saint et nous… »[4] Les Pères de Nicée et de Constantinople, parfaitement conscients d’agir sous l’action de l’Esprit ont proclamé de même : « L’Esprit saint et nous… » C’est par l’Esprit de la Pentecôte que depuis Nicée l’Église a dénoncé les hérésies qui menacent la vraie foi. Aussi la mémoire des Pères de Nicée et de Constantinople est-elle aussi rappelée ce jour-ci en signe précurseur de la Fête de la Pentecôte.

Aujourd’hui l’Église honore tous les Pères de Nicée, de Constantinople et de tous les conciles œcuméniques en leur dédiant la Prière sacerdotale que Jésus adressa à son Père, avant Sa Passion, pour l’unité de Ses disciples. Jésus prie pour les disciples et par eux pour tous ceux que le Père Lui donnera. Il demande au Père de les garder et de les sanctifier. La prière de Jésus pour les disciples présents et à venir repose sur la fidélité que tous auront à Son égard. Ces hommes sont choisis et tirés du monde par la grâce du Père. Ils appartiennent au Père, mais le Père les donne au Fils, pour recevoir Ses commandements et répandre Son œuvre dans le monde.

Parce qu’ils croient à la voix du Père, ils savent que Dieu a un seul envoyé Son Fils Jésus-Christ. Ils croient en la Parole du Fils et ils la gardent avec fidélité. Ils reconnaissent et croient que Jésus est l’envoyé du Père, sorti du sein du Père. Aussi c’est pour eux et pour ceux qui les suivront que Jésus prie, parce qu’en eux Jésus et le Père sont glorifiés. Jésus en appelle à la sainteté de Son Père pour que Ses disciples soient conservés dans leur foi, qu’ils soient protégés du monde et qu’ils soient sanctifiés dans la vérité. Enfin Jésus demande que Ses disciples soient un, comme Lui-même et Son Père sont un, dans la fidélité à son Nom. L’Église étend cette prière aux Pères conciliaires qui ont glorifié le Christ et accompli leur vocation en toute fidélité. Il nous appartient à notre tour de rendre grâce aux Pères théophores de Nicée et de tous les Conciles œcuméniques qui nous ont transmis la vraie foi, jusqu’au prix du martyre. Nous tous qui avons été baptisés en Christ et qui constituons aujourd’hui l’Église du Christ, environnés que nous sommes d’une telle nuée de témoins, comme dit saint Paul, devons manifester avec la plus grande force notre foi. Ce témoignage est le trésor qui nous est confié de tout temps par l’Église dans l’Esprit et que nous avons à porter jusqu’à la plénitude des siècles pour le salut de tous les hommes dans le Royaume de Dieu. Amen.

Notes

[1] Prononcée par Père René le 16 juin 2002 à la Crypte

[2] Cf. l’épître de saint Paul aux Colossiens II, 9

[3] Cf. épître de saint Paul aux Éphésiens II, 6

[4] Cf. Actes des Apôtres XV, 28