Cathedrale Alexandre Nevsky

Communiqué de l’administration diocésaine au sujet de la réunion du Conseil du 21 juin 2013

Extrait

2. Répondant en cela aux suggestions émanant de plusieurs clercs de l’Archevêché, le Conseil invite tous les clercs et fidèles de l’Archevêché à accompagner ce processus de consultation et de préparation de l’élection du nouvel Archevêque par des prières renouvelées afin que le Seigneur assure à l’ensemble des membres de l’Archevêché union, soutien et consolation en cette période délicate. Il est proposé aux communautés et fidèles qui le souhaitent d’instaurer un jour particulier de prière et de jeûne (qui pourrait être le vendredi 5 juillet 2013) afin de porter cette intention. Il est aussi recommandé aux recteurs des paroisses d’expliquer aux fidèles la situation présente.

L’intégralité du communiqué ce trouve ici.

« (…) en jeûnant, en priant, en entrant dans une vraie démarche de conversion, nous participons invisiblement à la guérison des maux consécutifs au péché. »

Intervention du père Marc-Antoine Costa de Beauregard lors de la table ronde du 15 juin 2008 dans la paroisse Saint Séraphin de Sarov à Paris. Les circonstances n’étaient pas celles d’aujourd’hui, mais ces paroles restent d’actualité.

… nous devons avoir le courage de dire que la vie en paroisse est loin d’être accomplie en ses charismes nombreux donnés par l’Esprit ; elle est très difficile, elle est menacée par de vrais dangers de repliement, par des tendances sectaires redoutables, par la confusion du psychologique et du spirituel (“pneumatique”, charismatique), par des réflexes identitaires de type culturel, social et national, par l’esprit de division, etc.

Toutefois une question importante se pose : mis à part la crispation identitaire, quelle est l’identité authentique de chaque paroisse ? Il semble en effet que chacune ait un visage propre, lié à son histoire, à ses souffrances et à ses joies, aux charismes particuliers qui se manifestent en ses membres. La seule “personne” ou “hypostase” de l’Église est celle du Christ : il s’agit donc ici plutôt de ce qu’on pourrait appeler la personnalité de chaque paroisse, qui s’illustre par le fait que plusieurs communautés existent et veulent exister souvent à proximité l’une de l’autre, que certaines souhaitent se fonder, que les fidèles font le choix de fréquenter telle paroisse plutôt qu’une autre, et cela indépendamment de raisons géographiques.

Troisièmement, il est nécessaire de rappeler le lien de la paroisse avec l’évêque, seul ministère responsable devant Dieu et devant l’Église. Les paroisses, surtout en province, sont menacées par une conception étroitement presbytérale, alors que le ministère de la prêtrise, ministère parmi d’autres (épiscopat, diaconat et ministère permanent du Peuple, dans la hiérarchie complète de l’Église), n’est pas la référence de la paroisse, le prêtre étant avant tout envoyé par l’évêque.

Enfin, face aux difficultés (difficultés intérieures à la communauté ecclésiale, insurmontées et insurmontables, “impossible” réalisation en paroisse du miracle d’une vie ecclésiale cohérente avec la volonté divine, difficulté à entretenir avec le monde et la société une relation vraiment digne du Christ), c’est le moment de rappeler, à la suite des saints Pères, l’importance de la vie ascétique. C’est par le jeûne et la prière, suivant l’enseignement du chef de l’Église qu’est le Christ, que nous sommes appelés à assumer les crises internes et notre relation avec le monde. Jeûner et prier pour le monde (notamment lors d’événements politiques importants, élections, grèves, etc., nous pouvons introduire ces motifs dans la prière liturgique de l’Eglise ; la communauté de travail, le voisinage, etc., se retrouvent dans les noms des personnes que nous apportons sur les diptyques) ; jeûner et prier pour recevoir de Dieu les idées qui nous font défaut, l’expression de sa volonté ; jeûner et prier pour nous purifier nous-mêmes du péché qui se manifeste dans la communauté ecclésiale et paroissiale, ainsi que dans le monde – pour être en mesure de voir ce que Dieu, dans les circonstances concrètes de la vie paroissiale ou sociale, nous montre, et d’entendre ce qu’Il nous dit !

De grands ascètes, comme le Précurseur et la Mère de Dieu, se sont préparés ainsi par toute une vie, se purifiant ou, dans le cas de la Vierge, se gardant libre de tout péché: le premier vit l’Agneau de Dieu; la seconde entendit, de la voix de l’Ange, la Parole de Dieu, et la conçut en elle-même. Non juger le monde ou “diaboliser” le monde, mais jeûner et prier pour lui. Le Christ a demandé au Père non de retirer les baptisés du monde mais de les garder du Malin. Lui-même se dit venu, non juger le monde, mais le sauver par sa Croix. Le combat spirituel “prendre sa croix” -se présente comme la réponse pratique (non la discussion, la théorie, l’idéologie pseudo chrétienne, la morale, la psychologie, le juridisme, la philosophie humaine), la méthode proposée à la communauté paroissiale, l’action en faveur de la paroisse et de la société. Le jeûne et la prière (repentir et louange) constituent une action, non sur le monde ou sur la communauté comme sur des objets (avec la tentation de dominer le monde et de lui imposer un bien), mais dans et à l’intérieur de la communauté et de la société. Notre personne (hypostase créée) porte l’Église et le monde: en jeûnant, en priant, en entrant dans une vraie démarche de conversion, nous participons invisiblement à la guérison des maux consécutifs au péché.

La dimension ascétique n’est pas le monopole (ce qui serait confortable!) des moines; elle est l’apanage de tout chrétien. Autant que la confession de la vraie foi et que la vie liturgique dans lesquels les orthodoxes se reconnaissent, elle est caractéristique de la tradition des Apôtres et des Pères, à laquelle s’identifie l’Église orthodoxe sur la base des conciles œcuméniques, et elle constitue l’expérience ininterrompue des baptisés depuis l’origine, dans des situations analogues à celles que Dieu permet aujourd’hui. Aussi accueillons-nous avec joie, et sans rechigner, les belles périodes de carême, nombreuses dans notre Église. Les membres de la communauté paroissiale, par leur pureté et leur sainteté, peuvent devenir des lumières dans l’Église entière et dans le monde.