Saint Silouane de l'Athos

Textes tirés des écrits de Saint Silouane

Archimandrite Sophrony : Starets Silouane, moine du Mont-Athos, éditions Présence.

Va avec foi chez ton père spirituel, et tu recevras le Paradis. (p 377)

Il faut toujours se souvenir qu’un père spirituel accomplit son service dans le Saint-Esprit, et c’est pourquoi il faut lui témoigner de la vénération. Croyez, frères, que s’il arrivait à quelqu’un de mourir en présence de son père spirituel et que le mourant lui dise : « Père saint, donne-moi la bénédiction de voir le Seigneur dans le Royaume des Cieux », et que le confesseur lui dise : « Va, mon fils, et vois le Seigneur », il lui arriverait selon la bénédiction du père spirituel, parce que le Saint-Esprit est le même au Ciel et sur la terre. (p 368)

Les prières d’un père spirituel ont une grande force. J’ai beaucoup souffert de la part des démons à cause de mon orgueil, mais le Seigneur m’a rendu humble et a eu pitié de moi grâce aux prières de mon père spirituel ; et, à présent, le Seigneur m’a révélé que le Saint-Esprit repose sur les pères spirituels, et c’est pourquoi j’ai un grand respect pour eux. Par leurs prières, nous recevons la grâce du Saint-Esprit et la joie dans le Seigneur qui nous aime et qui nous a donné tout ce qui est nécessaire pour le salut de nos âmes. (p 368)

Maintenant, je pense que si l’on ne se confesse pas à son père spirituel, il n’est pas possible d’échapper à l’illusion, car le Seigneur a donné aux pères spirituels le pouvoir de lier et de délier. (p 401)

Seul le Seigneur sait toutes choses ; quant à nous, qui que nous soyons, pour éviter de commettre des erreurs, il nous faut prier Dieu de nous éclairer, et interroger notre père spirituel. (p 314)

Toute âme troublée par quelque chose doit interroger le Seigneur, et le Seigneur l’éclairera. Cela surtout dans le malheur et dans le trouble ; sinon il faut plutôt interroger son père spirituel, car cela est plus humble. (p 311)

Celui qui veut prier sans cesse doit être courageux et sage, et pour tout demander conseil à son père spirituel. Si le père spirituel n’a pas passé lui-même par l’expérience de la prière, interroge-le tout de même, et pour ton humilité le Seigneur aura pitié de toi et te gardera de toute erreur. (p 368)

Celui qui veut prier sans cesse doit être retenu en tout, et obéissant au starets qu’il sert. Il doit s’ouvrir avec confiance à son père spirituel et penser que l’Esprit-Saint vit en lui, et alors il n’aura pas de mauvaises pensées contre lui. Pour sa sainte obéissance, un tel homme sera instruit par la grâce et il progressera dans l’humilité du Christ. (p 423)

L’obéissant s’est abandonné à la volonté divine, et c’est pourquoi lui sont donnés la liberté et le repos en Dieu, et il peut prier avec un esprit pur. (p 380) … Le vrai obéissant hait sa volonté propre et aime son père spirituel ; grâce à cela, il reçoit la possibilité de prier avec un esprit pur ; son âme contemple Dieu librement, sans pensées, et demeure paisible en Lui. Il atteint rapidement l’amour de Dieu grâce à son humilité et aux prières de son père spirituel. (p 381)

Dans l’esprit de l’obéissant, il n’y a que Dieu et la parole de son starets. (p 382)

Peut-être penseras-tu : comment tel évêque, père spirituel ou prêtre peut-il avoir le Saint Esprit, puisqu’il aime manger et a d’autres faiblesses ? Mais je te dirai : c’est possible, à condition qu’il n’accepte pas les mauvaises pensées ; de telle sorte que, bien qu’il ait quelques défauts, cela n’empêche pas la grâce de demeurer dans son âme, tout comme un arbre verdoyant peut avoir quelques branches sèches sans que cela ne lui nuise, et il porte des fruits; ou bien dans un champ où il y a beaucoup de blé, même s’il est mélangé à de l’ivraie, cela ne l’empêche pas de croître. (p 367)

Textes tirés des écrits du Père Sophrony

Dans les conditions de notre époque, l’exercice de la paternité spirituelle est une tâche surhumaine. (La prière, expérience de l’éternité, p 143)

En quoi consiste la tâche du confesseur ? À s’occuper attentivement de chaque personne afin de l’aider à entrer dans la sphère de la paix du Christ ; à contribuer à la renaissance et à la transfiguration des hommes par la grâce du Saint-Esprit ; à insuffler du courage aux pusillanimes pour mener le combat d’une vie selon les commandements du Seigneur ; en un mot, à la formation spirituelle de chacun. « Formation » vient du mot « forme ». Un évêque serbe (Nicolas Vélimirovitch, évêque d’Ohrid et de Jitcha, 1880-1956) a écrit des choses remarquables à ce sujet : « quelle forme ou celle de qui donne-t-on dans nos écoles contemporaines ? Laquelle de ces écoles sait que l’homme a été créé à l’image du Dieu sans commencement ? Il est apparu sur terre et s’est révélé à l’homme ; et nous savons maintenant que la vraie éducation consiste à rétablir l’image du Christ – perdue dans la chute – dans les descendants d’Adam. » (La prière, expérience de l’éternité, pp 139-140)

Conformément au principe pastoral des Pères, aucun père spirituel ne doit commander à ses ouailles des actions qu’il n’a pas accomplies lui-même. Je ne pense pas que l’apôtre Paul ait été sous ce rapport moins sévère que les Pères. La réception de personnes qui traversent de pénibles épreuves ne peut être réglementée ou organisée arbitrairement ; on ne peut pas fixer certaines heures pour l’accueil des affligés, et d’autres pour ceux qui sont joyeux. Il s’ensuit que chaque pasteur doit être en tout temps en état de pleurer avec ceux qui pleurent et de se réjouir avec ceux qui sont dans la joie, d’être accablé avec ceux qui sont dans le désespoir et de conforter dans la foi ceux qui sont tentés. Mais ici aussi, comme dans toute notre vie, le Seigneur est notre premier exemple. (La prière, expérience de l’éternité, p 129)

Les vrais starets sont humbles, semblables au Christ. Par leur vie, ils donnent un exemple vivant. Ils ont trouvé la paix et, de même que l’arbre de vie dans le Paradis, ils rassasient beaucoup d’hommes de leurs fruits, des fruits de cette paix. (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p 267)

L’état spirituel dont il parlait au Père Stratonique, à savoir que « les parfaits ne disent rien par eux-mêmes… ils ne disent que ce que l’Esprit leur donne », n’est pas toujours accordé, même à ceux qui se sont approchés de la perfection ; de même, les apôtres et les autres saints n’accomplissaient pas constamment des miracles, et l’Esprit de prophétie n’œuvrait pas toujours au même degré dans les prophètes, mais tantôt agissait en eux avec puissance et tantôt les abandonnait. 
Le Starets faisait une nette distinction entre la « parole fondée sur l’expérience » et l’inspiration directe reçue d’en haut, c’est à dire la parole « donnée par l’Esprit ». La première n’est certes pas sans valeur, mais la seconde lui est supérieure et plus digne de foi (cf. I Co 7,25). (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p. 79)

Dans la plupart des cas, la réponse du père spirituel aura un caractère imparfait, voire relatif, non point parce que le confesseur serait privé de la grâce de la connaissance, mais parce que celui qui l’interroge n’a pas les forces d’accomplir un acte spirituel parfait. Dès lors, malgré le caractère relatif des indications données par le confesseur, celles-ci porteront toujours de bons fruits, pourvu qu’elles soient accueillies avec foi et fidèlement suivies. (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p 77)

Certes, personne n’est parfait et qui oserait enseigner comme le Christ « avec autorité» ? Car l’objet de l’enseignement spirituel « ne vient pas d’un homme » et « n’est pas à la mesure de l’homme » (Gal.1 11-12), mais c’est dans des « vases d’argiles » qu’a été déposé le trésor inestimable des dons du Saint-Esprit non seulement inestimable, mais encore caché par sa nature même. Seul celui qui suit la voie d’une sincère et totale obéissance peut pénétrer dans le secret de ce trésor. (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p 82)

Il estimait que l’humble voie de l’obéissance était, en général, la plus sûre de toutes. Il était fermement persuadé que, grâce à la foi de celui qui demande conseil, la réponse du père spirituel serait toujours bonne, profitable et agréable à Dieu. (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p 77)

Lorsqu’un maître spirituel ne rencontre aucune résistance de la part de son disciple, en réponse à la foi et à l’humilité de celui-ci, son âme s’ouvre facilement et, peut-être même complètement. Mais aussitôt qu’apparaît la moindre résistance au père spirituel, le fil de la pure tradition se rompt et l’âme du maître se referme. (Starets Silouane, moine du MontAthos, p82)

Le starets Silouane se taisait dès qu’il rencontrait la moindre opposition. Pourquoi ? D’une part parce que l’Esprit-Saint ne tolère ni violence ni discussion d’autre part, parce que la volonté de Dieu, c’est chose trop grande. La volonté de Dieu ne peut pas être contenue tout entière dans la parole du père spirituel, – laquelle comporte inévitablement un caractère de relativité, – ni trouver en elle son expression parfaitement adéquate. Seul celui qui accepte la parole de son père spirituel avec foi, croyant qu’elle est agréable à Dieu, sans la soumettre à son propre jugement, « sans raisonner », comme on dit souvent, seul celui-là a trouvé la vraie voie, car il croit réellement qu’ « à Dieu tout est possible » (Mt. 19 :26). 
Telle est la voie de la foi, connue et sanctionnée par l’expérience millénaire de l’Église. (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p 78-79)

La culture ascétique orthodoxe revêt bien des aspects parmi ceux-ci se trouve l’obéissance monastique, ou plus exactement chrétienne. […] Ainsi l’ascèse de l’obéissance est-elle indispensable non seulement par rapport â Dieu, mais encore par rapport à notre frère quand celui-ci nous demande quelque chose de possible et de non opposé à l’esprit des commandements du Christ. La crucifiante ascèse de l’obéissance au frère affine également en nous la capacité de percevoir plus profondément la volonté de Dieu. Et cela nous rend semblable au Fils Unique du Père ; l’esprit de l’homme devient capable d’assumer toute l’humanité, c’est à dire devient universel à la ressemblance de l’universalité divine du Christ. Sans cette culture de l’obéissance, l’homme restera inévitablement un « cercle clos », toujours misérable devant la face de l’Éternité. Quel que soit le degré d’éducation d’un homme, sans obéissance évangélique l’accès à son monde intérieur est solidement barré, et l’amour du Christ ne peut pas y pénétrer ni l’imprégner de sa présence. (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p 114)

En dehors de la culture chrétienne de l’obéissance la théologie véritable demeure inaccessible en ses ultimes profondeurs. (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p 114)

Un débutant a besoin d’un guide spirituel, parce qu’avant la venue de la grâce du Saint-Esprit, l’âme doit soutenir un grand combat avec les ennemis et ne peut pas encore reconnaître quand c’est l’Ennemi qui lui apporte sa douceur. Seul peut le discerner celui qui a personnellement goûté à la grâce du Saint-Esprit. Qui a goûté au Saint-Esprit distingue la grâce à son goût. (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p 274)

Celui qui veut mener une vie de prière sans avoir de guide et pense, dans son orgueil, qu’il peut s’instruire seul dans les livres sans s’adresser à un starets, a déjà à moitié succombé à l’illusion. Quant à l’homme humble, le Seigneur l’aidera. S’il ne trouve pas de maître expérimenté, il ira chez son père confesseur, quel qu’il soit, et à cause de son humilité le Seigneur le protégera. (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p 274)

En l’absence de vrais maîtres spirituels, il faut s’abandonner à la volonté de Dieu dans l’humilité ; alors, le Seigneur éclairera par sa grâce. (Starets Silouane, moine du Mont-Athos, p 267)