Père Païssios l'athoniteL’Ancien Païssios du Mont-Athos (1924-1994) est, parmi les grands spirituels orthodoxes du XXe siècle, un géant. Les dizaines de milliers de personnes qui ont trouvé auprès de lui lumière, espoir, consolation, force, paix et joie le savent déjà. Ceux qui liront ce texte en seront rapidement convaincus. Le livre L’ancien Païssios de la sainte Montagne aux éditions Âge d’Homme lui est consacré. Ci-dessous deux paroles du père Païssios :

C’est l’histoire d’un moine alcoolique qui vivait à Karyès, sur le Mont Athos[1]

Il buvait et s’enivrait tous les jours, et cela causait le scandale auprès des pèlerins. Pour finir, il mourut, et soulagé, un vieux fidèle alla raconter avec joie à père Païssios que l’énorme problème était enfin résolu.

Père Païssios répondit qu’il était au courant du décès du moine. Et qu’il avait vu un bataillon entier d’anges venir recueillir son âme ! Les pèlerins en furent surpris, et certains protestèrent, et tentèrent d’expliquer au geronda Païssios de quoi il s’agissait exactement, pensant que l’ancien ne comprenait pas. Le père Païssios leur répondit :

« Ce moine était né en Asie Mineure, peu avant que les Turcs n’y détruisent tout et s’emparent de tous les garçons. Ils n’avaient pas pris ses parents, et en l’emportant, pour qu’il ne pleure pas, ils avaient mis un peu de raki (alcool turc) dans son lait pour le faire dormir. A force d’habitude, il en devint alcoolique. Plus tard, face aux conseils de différents médecins lui disant de ne pas chercher à fonder famille, il partit pour le Mont Athos et devint moine.

« Il alla y trouver un ancien et lui expliqua qu’il était alcoolique. L’ancien lui dit de se prosterner tous les soirs et prier la Mère de Dieu pour qu’elle l’aide à réduire progressivement les verres qu’il consommait. Le temps passant, il réussi ainsi à surmonter et se repentir, passant de 20 à 19 verres. La lutte continua des années durant, jusqu’à ce qu’il arrive à 2 à 3 verres, mais étant toujours alcoolique. »

Le monde a vu en lui un moine alcoolique, scandalisant les pèlerins. Dieu a vu en lui un lutteur, qui a mené un combat sans fin pour vaincre sa passion. Il ne faut pas juger sans connaître les efforts et la vie d’autrui.

L’homme spirituel n’a pas de droits ici bas

Au plus l’on devient spirituel, au moins l’on a de droits en cette vie. Il est obligatoire d’être patient, d’accepter l’injustice, d’accepter les injures qu’on vous adresse. Quelqu’un qui est mauvais et loin de Dieu a beaucoup de droits : frapper, hurler et agir de manière injuste. Dieu nous réserve des droits pour la vie suivante. Par ignorance, cependant, nous recherchons souvent nos droits ici bas. N’abimons pas tout. S’ils nous disent quoi que ce soit, accordons-leur directement ce droit. Et ensuite pensons bien que nous sommes confiants en Dieu. Tout ça n’est que pitrerie. La justice humaine ne signifie rien pour la personne spirituelle. Mais elle est un grand souci pour la personne pervertie.

Note

[1] D’après blog St Materne