Nativité de la Mère de Dieu Tropaire – ton 4

Ta nativité, Vierge Mère de Dieu, * a annoncé la joie au monde entier, * car de toi s’est levé le Soleil de justice, * le Christ notre Dieu ; * Il a détruit la malédiction * et donné la bénédiction, * Il a aboli la mort et nous a donné la vie éternelle.

Kondakion – ton 4

En ta sainte Nativité, ô Très-pure, * Joachim et Anne ont été délivrés * de l’opprobre de la stérilité, * et Adam et Ève de la corruption de la mort. * Délivré de la condamnation pour ses péchés, * ton peuple célèbre ta Nativité et te clame : * “La femme stérile enfante la Mère de Dieu qui nourrit notre vie.”

Lecture de l’épître du saint apôtre Paul aux Galates

dimanche avant la Croix – Ga VI,11-18

Frères, voyez avec quelles grandes lettres je vous ai écrit de ma propre main. Tous ceux qui veulent se rendre agréables selon la chair vous contraignent à vous faire circoncire, uniquement afin de n’être pas persécutés pour la croix de Christ. Car les circoncis eux-mêmes n’observent point la loi ; mais ils veulent que vous soyez circoncis, pour se glorifier dans votre chair. Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! Car ce n’est rien que d’être circoncis ou incirconcis ; ce qui est quelque chose, c’est d’être une nouvelle créature. Paix et miséricorde sur tous ceux qui suivront cette règle, et sur l’Israël de Dieu ! Que personne désormais ne me fasse de la peine, car je porte sur mon corps les marques de Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit ! Amen !

Nativité de la Mère de Dieu
Ph II,5-11

Frères, ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

Lecture de l’Évangile selon Saint Jean

Dimanche avant la Croix – Jn III,13-17

Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.

Nativité de la Mère de Dieu
Lc X,38-42,XI,27-28

En ce temps-là, comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Elle avait une sœur, nommée Marie, qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, occupée à divers soins domestiques, survint et dit : « Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour servir ? Dis-lui donc de m’aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. » Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : « Heureux le sein qui t’a porté ! Heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! » Et il répondit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »

La place de la Mère de Dieu dans l’Église

Par le père Cyrille Argenti

Le titre de Mère de Dieu, que nous donnons dans toutes nos prières à la Vierge Marie, lui a été officiellement attribué par le troisième concile œcuménique, à Éphèse. Il est important de se souvenir à quelle occasion et pour quelle raison on lui a donné ce titre, parce que cela nous éclairera sur sa signification et sur la place que tient la Vierge dans l’Église.

Le titre de Mère de Dieu affirme la divinité de Jésus

Le concile d’Éphèse s’est réuni en 431 à l’occasion de l’hérésie de Nestorius, qui se posait - ainsi que l’on se le demandait depuis les origines - la question de savoir qui est le Christ. Nestorius avait répondu en distinguant en Jésus Christ le fils de l’homme du Fils de Dieu. Il voyait donc deux personnes en Jésus : le fils de Marie auquel serait venu en quelque sorte s’ajouter, au moment du Baptême du Seigneur Jésus, le Fils de Dieu. Cette hérésie ancienne avait déjà été ébauchée au temps des gnostiques, au cours du IIe siècle de l’histoire de l’Église.

Contre cette hérésie, le troisième concile œcuménique a proclamé la foi des apôtres, la foi de l’Église : dans le Seigneur Jésus, il n’y a qu’une Personne, celle du Verbe incarné, le Dieu fait homme. La seule personne en Jésus est la Personne divine qui a assumé, dans le sein de la Vierge Marie, la chair, la nature humaine toute entière. La Personne de Jésus, celle qui dit « Je » quand Jésus parle, est aussi la Personne du Verbe, la Personne de la Parole, la Personne du Fils, vrai Dieu de vrai Dieu, Dieu comme son Père, le même Dieu que son Père. Par conséquent, on peut dire par ailleurs que, sur la Croix, en sa nature humaine, c’est Dieu qui meurt.

Si en Jésus il n’y a qu’une Personne qui est Dieu, sa mère ne peut donc être que Mère de Dieu. C’est dire que le titre de Mère de Dieu est essentiellement destiné à affirmer la divinité du Seigneur Jésus, certes homme, devenu vrai homme, mais étant le Verbe d’avant tous les siècles, par qui tout a été fait, existant avant la création puisqu’Il est Lui-même le Créateur. Donc affirmer que la Vierge Marie est la Mère de Dieu, c’est affirmer que le Seigneur Jésus est le Créateur du ciel et de la terre Lui-même. Voilà pourquoi nous ne parlons presque jamais de la Vierge Marie sans lui décerner son titre de Mère de Dieu, par lequel nous affirmons la divinité de notre Christ, Celui qui était au début auprès de Dieu et qui est Dieu, « et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’un Fils unique tient de son Père »[1]. Les trois Églises - protestante, catholique et orthodoxe - sont d’accord là-dessus.

Il en résulte que toute la dévotion, toute l’admiration, tout l’amour de notre Église pour la Vierge Marie tient au fait que c’est par elle, en elle que l’Incarnation a pu se faire.

Proclamer la doctrine exacte concernant la Vierge

Jamais dans aucune fête de la Vierge - que ce soit sa naissance, sa présentation au Temple, l’annonciation par l’ange Gabriel, c’est-à-dire la conception du Verbe, sa dormition - Marie n’apparaît comme une déesse. Tant que le paganisme existait, l’Église était d’une grande discrétion vis-à-vis de la Vierge Marie. Certes, dès le IIe siècle, on trouve dans les catacombes de Rome une icône de la Vierge Marie, mais l’Église était très prudente dans ce domaine tant qu’il existait un danger de la considérer comme une déesse. C’est pourquoi, dans toute l’iconographie orthodoxe, elle est toujours présentée soit comme montrant son Fils, soit comme portant son Fils dans son sein, soit comme étant elle-même symbole d’Église en prière. Dans la disposition des icônes, dans l’église, elle n’est jamais sur l’autel ou au centre, mais à la droite du Christ, intercédant, priant pour nous et avec nous.

Nous sommes constamment menacés par l’hérésie - faire de la Vierge Marie une déesse serait la pire des hérésies, ce serait de l’idolâtrie - cependant ce n’est pas pour autant que nous allons renoncer à proclamer la vérité. C’est le rôle des pasteurs de l’Église que de rappeler sans cesse au peuple de Dieu la doctrine exacte, non par des sermons, mais par des cantiques chantés par le peuple. L’Église craint toujours qu’il y ait une déviation.

Cependant, il ne faut pas avoir peur de ce que l’on appelle la religion populaire. Dieu est le Dieu des humbles. C’est la façon d’être, la façon de prier des petits qui est sans doute la plus vraie et la plus proche de Dieu, non celle des intellectuels et des soi-disant spirituels. Évidemment, il faut toujours - et c’est le rôle du théologien - veiller à ce que l’on ne glisse pas dans une quelconque forme de superstition ou d’idolâtrie. Le paradoxe de l’Église orthodoxe, c’est que, alors que ses offices donnent libre cours à la piété populaire, on y trouve toujours aussi, en même temps, une définition doctrinale. L’Église exerce constamment, avec une extrême prudence, son esprit critique et même la grande fête de la Dormition de la Mère de Dieu n’a jamais débouché, comme dans l’Église catholique, sur une proclamation du dogme de l’Assomption. On souligne donc bien que ces thèmes tirés d’un évangile apocryphe, adoptés dans la vie liturgique, ne sont tout de même pas paroles d’Évangile.

L’esprit critique de l’Église rejette les apocryphes - ainsi qu’une dogmatisation peu à propos des événements de la vie de la Vierge Marie - et cependant, paradoxalement, les adopte dans sa vie liturgique, à cause de leur signification profondément orthodoxe. Il y a un équilibre entre l’acceptation profonde de l’humble et sincère piété du peuple de Dieu, du petit peuple dont la foi authentique est le modèle des chrétiens, et en même temps l’esprit critique des docteurs de l’Église. Veillons toujours à ce que la foi demeure strictement évangélique. Je crois qu’il n’y a pas de contradiction entre l’humilité de la servante de Dieu et la rigueur des théologiens, il faut tenir ces deux pôles. Il faut qu’il y ait ce juste milieu pour ne tomber ni dans un intellectualisme orgueilleux, ni, évidemment, dans des superstitions païennes. Il me semble que justement le dévouement, l’amour du peuple chrétien pour la Mère de Dieu, évite ces deux écueils : « Désormais toutes les générations me diront bienheureuse ». Nous tenons à être parmi ces générations qui la disent bienheureuse tout en sachant parfaitement bien que le seul Rédempteur est le Fils. Mais Marie est la représentante de la liberté humaine acceptant par son humble foi l’Incarnation du Fils de Dieu, la représentante de ce qu’il y a de meilleur chez l’homme, de sa liberté bien employée sans laquelle Dieu ne force pas la porte. C’est Marie qui a ouvert la porte, qui a permis au Fils de Dieu d’entrer chez nous !

Ne déprécions donc pas la piété populaire, n’ayons pas un orgueil d’intellectuel. Les petits, le « bon peuple », précéderont les théologiens dans le Royaume. Cet instinct, cet amour populaire pour la Mère du Sauveur, est quelque chose de profondément authentique, de très pur. C’est par la Vierge que ceux qui ne viennent pas à l’Église ont un certain contact avec Dieu ; elle leur tient la main. Lorsque le peuple de Dieu aime la Mère du Sauveur, il nous donne là un exemple. L’absence d’amour pour la Vierge, dans l’Église, pourrait donner quelque chose d’un peu froid et dur. Il faut qu’il y ait dans l’Église cette douceur féminine qui nous rappelle la tendresse de Dieu. Il me semble que la douceur du Christ, sa tendresse s’expriment un peu à travers celles de sa Mère. Il est vrai que c’est le Christ qui nous jugera. La vigilance protestante est utile, mais elle ne devrait pas, à mon sens, aller jusqu’à écarter la Vierge Marie.

L’intercession de la Vierge

On ne prie pas la Vierge Marie, on demande ses prières. Et vous remarquerez que les catholiques romains disent : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous », ils ne la prient pas. Nous l’invoquons pour qu’elle prie Dieu pour nous. La prière la plus fréquente chez les orthodoxes est la suivante : « Faisant mémoire de notre toute sainte, toute pure, bénie entre tous et glorieuse dame, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, confions-nous nous-mêmes, les uns les autres et toute notre vie au Christ notre Dieu. » Elle est toujours celle qui nous présente son Fils, jamais dans nos cantiques nous ne L’en séparons. Elle est le trône qui porte le Fils, le bois du buisson qui porte le feu de la divinité sans en être brûlé, celle que tous les prophètes ont contemplée en contemplant à l’avance le mystère de l’Incarnation. Nous ne la séparons jamais de ce mystère, elle est en quelque sorte l’Incarnation visible et accessible.

Nous parlons de la puissance maternelle de la Vierge et lorsque nous invoquons ses prières, nous disons qu’une mère a de l’influence sur son fils. De même que le premier miracle, à Cana de Galilée, s’est fait sur la demande de sa mère, alors que le Christ Lui-même nous dit que son heure n’est pas encore venue, de même nous pensons que nous pouvons demander ses prières. Nous pouvons lui demander de prier pour nous, parce qu’aucun être humain n’a été aussi proche de Dieu que celle qui L’a porté dans son ventre, L’a allaité, L’a vu grandir, a été au pied de la Croix. Effectivement, nous lui demandons de prier pour nous, et souvent les fidèles, qui éprouvent un certain tremblement, une certaine crainte divine en présence du Fils de Dieu fait chair, de la sainteté de Dieu, s’approchent d’abord avec plus de facilité de sa Mère qui est tout à fait l’une d’entre nous.

Je pense que le Seigneur aime que l’on s’adresse à sa Mère pour demander ses prières. Il l’a prouvé à Cana lorsque Marie dit aux serviteurs : « Tout ce qu’Il vous demandera, faites-le »[2]. Effectivement, Il accomplit ce qu’on Lui demande, alors qu’Il avait l’air de refuser : « Mon heure n’est pas encore venue ». Il fera le miracle à la demande de sa mère. On peut donc en toute simplicité avoir recours à elle.

Il faut mettre en garde, par ailleurs, contre une certaine attitude. J’ai entendu une personne qui disait : « Je ne prie plus sainte Thérèse parce qu’elle ne m’a pas exaucé et maintenant, je me tourne vers la Vierge Marie. » Il y a là une conception utilitaire de la communion des saints. Cela a quelque chose de presque commercial, comme si Dieu était là pour faire nos caprices et, s’Il ne nous exauce pas, alors on le rejette : « Que ma volonté soit faite ! » C’est une attitude de non-conversion. N’oublions pas que, le jour de la Pentecôte, le Saint Esprit est un don certes personnel, qui descend sur chacun, mais sur chacun rassemblé en Église. Il y a donc, à la Pentecôte, la communion des saints, la communion des croyants dans le Saint Esprit, communiant, s’unifiant de l’intérieur, parce que le même Saint Esprit habite en tous et les unit autour d’une seule Parole de Dieu, mais une seule Parole de Dieu comprise et vécue de l’intérieur par la présence du Saint Esprit créant entre eux une communion des saints. Cette communion subsiste au-delà de la vie dans ce monde et par conséquent sainte Thérèse, a fortiori la Vierge Marie, demeurent par excellence dans cette communion. Il est donc normal et logique d’invoquer leurs prières, mais non de leur donner la place qui revient à Dieu seul.

La Vierge, exemple de collaboration entre Dieu et l’homme

La Vierge Marie, par son « oui » à l’ange Gabriel, représente l’acceptation par le genre humain de l’Incarnation. La Vierge est entièrement et parfaitement un être humain. Elle représente l’ensemble des hommes, elle est en quelque sorte le fruit de toute la piété et de toute la foi d’Israël depuis Abraham jusqu’à elle-même, en passant par Isaac, Jacob, David, par tous les héritiers de la promesse. Cela s’exprime dans le texte du Magnificat, lorsqu’elle exulte de joie au moment où sa cousine Élisabeth reconnaît en elle la Mère du Sauveur. Elle évoque justement dans ce cantique la promesse faite à Abraham et à ses descendants, pour toujours. De même l’ange Gabriel, au moment de l’Annonciation, mentionne la maison de Jacob : la Vierge représente donc tous les prophètes d’Israël, les rois, les héritiers de la promesse. En elle, il n’y a rien que l’on ne puisse trouver dans tout autre être humain. Certes, on ne lui connaît point de péché personnel, mais sa perfection est relative, si l’on peut dire, et non absolue. Elle est humaine, elle est à la limite de ce qu’un être humain peut faire. Il était normal que le Fils de Dieu choisisse pour s’incarner le plus beau réceptacle qui faisait partie de l’ancien monde.

Le dogme de l’Immaculée Conception ne peut donc être concevable dans une théologie orthodoxe, et ce pour deux raisons. Premièrement parce qu’il importe que Marie porte en sa chair l’homme déchu, mortel, pour que Dieu puisse sauver cet homme mortel. Marie représente donc cet homme tombé, déchu, mortel, mais sans péché personnel. La Vierge Marie a transmis à son Fils la nature mortelle de l’homme, avec toutes les conséquences du péché qu’Il a ainsi assumées. C’est parce que le Christ a assumé notre nature mortelle qu’Il a pu la laver dans l’eau du Jourdain, la transfigurer, l’accompagner dans la mort pour la relever, la ressusciter et la faire monter à la droite du Père. Deuxièmement, si elle est immaculée, ce n’est pas uniquement parce qu’elle a été comblée de grâces, ce n’est pas par un acte unilatéral et magique de Dieu, mais c’est parce qu’elle a aussi, par ce « oui » de foi, accueilli cette grâce et qu’elle a cru l’incroyable : « Qu’il me soit fait selon ta parole ! » Certes, elle est immaculée par la grâce de Dieu, mais aussi parce que librement elle a accueilli cette grâce et collaboré avec elle. Le caractère immaculé de Marie est certes essentiellement l’œuvre de Dieu, mais elle est aussi dans une petite mesure - cela est capital - l’œuvre de collaboration de la liberté humaine, par la sainteté de la Vierge Marie.

Si on l’appelle la nouvelle Ève, c’est parce que Marie fait partie de la nouvelle création dès l’instant où le Saint Esprit la recouvre de son ombre et où le Fils de Dieu entre en elle. Elle est cependant née en faisant encore partie de l’ancienne création, même si cela eut lieu dans des circonstances assez exceptionnelles, tout comme l’enfant Samuel ou Isaac. Il n’y a de divin dans la Vierge que la présence du Verbe en son sein. Elle représente au contraire ce qu’il y a de meilleur dans l’humanité. Par là même, elle devient l’exemple de tout ce qu’un être humain peut faire et devenir lorsque l’Esprit Saint repose sur lui et que la Parole de Dieu vient imprégner tout son être. Elle est vraiment la nouvelle Ève, le début de la nouvelle création. Ce qui s’est passé en elle peut et doit se passer en chacun de nous. Elle a été le tabernacle du Dieu vivant, mais lorsque nous communions, lorsque nous recevons le corps et le sang du Christ, nous aussi devenons le tabernacle du Dieu vivant, la crèche vivante qui héberge le Fils de Dieu et le lieu de la présence divine.

Dans la nouvelle alliance, le lieu de la présence divine sera l’assemblée des hommes, l’Église. C’est pourquoi la Vierge, en tant qu’être humain qui devient lieu de la présence de Dieu, a toujours été considérée comme l’image de l’Église. De même, elle est la première à bénéficier de la Résurrection du Christ et à entrer dans le Royaume de Dieu avec sa chair glorifiée. Elle est vraiment en tête des humains, elle montre le chemin aux hommes, elle est ce que l’humanité a fait et a vécu de mieux. Tout ce qui s’est passé en elle peut et doit se passer en chacun de nous. La Vierge est la première de l’Église, c’est-à-dire qu’elle est la première des croyants, la plus ardente. Elle est l’image vivante de l’Église.

Notes

[1] Jn 1, 14

[2] Jn 2, 5