Orthodoxes dans l'Oise - Mot-clé - Macaire d ÉgypteBlog de la paroisse des Quatre Martyrs de Paris. Église de Saintines située entre Compiègne et Beauvais.2023-07-10T12:22:50+02:00urn:md5:c53cf8380b666b48e583f071c24925daDotclearDieu est lumière (8)urn:md5:e472b721e1964e17164da0d65cb534702013-06-03T06:00:00+02:002013-06-03T09:45:57+02:00nkSpiritualitédéificationMacaire d Égypte <h3>La Transfiguration du Chrétien passe par la Crucifixion : Textes de saint Macaire.</h3>
<h4>Homélie II 25, 3-4</h4>
<p>Ainsi donc, celui qui veut devenir participant de la gloire divine et voir dans la partie maîtresse de son âme comme dans un miroir, la forme du Christ, doit rechercher le secours puissant de Dieu, jour et nuit, avec un amour insatiable et un élan inassouvi, de tout son cœur et de toute sa force. Ce secours, il lui sera impossible de l’obtenir s’il ne renonce pas d’abord, comme il a été dit, aux jouissances du monde, aux convoitises de la puissance adverse, laquelle est ennemie de la lumière et une énergie mauvaise qui ne s’accorde pas avec l’énergie bonne et lui est tout à fait étrangère…</p>
<p>Nous n’avons pas encore reçu l’allégresse du Christ. Car l’aiguillon de la mort reste encore fiché en nous… En effet, nous sommes encore sous l’influence de la nuit obscure, nous n’avons pas encore endossé les armes de la lumière<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#pnote-105-1" id="rev-pnote-105-1">1</a>]</sup>, puisque nous ne nous sommes pas encore dépouillé des armes, des flèches et des œuvres des ténèbres. Nous ne sommes pas encore transformés par le renouvellement de l’intellect<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#pnote-105-2" id="rev-pnote-105-2">2</a>]</sup>, car nous sommes encore conformes au modèle de ce monde<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#pnote-105-3" id="rev-pnote-105-3">3</a>]</sup> par la vanité de nos préoccupations. Nous ne sommes pas encore glorifiés avec le Christ, parce que nous n’avons pas encore souffert avec lui<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#pnote-105-4" id="rev-pnote-105-4">4</a>]</sup>. Nous ne portons pas encore « en notre corps ses stigmates »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#pnote-105-5" id="rev-pnote-105-5">5</a>]</sup> en étant entrés dans le mystère de la croix du Christ. Car nous vivons encore parmi les passions charnelles et les convoitises.</p>
<h4>Homélie 15, 42 : Porter la croix dans le cœur et l’intellect.</h4>
<p>Celui qui veut acquérir l’instruction commence par aller apprendre l’alphabet, et quand il sera devenu le premier à l’école élémentaire, il ira à l’école romaine, où il sera le dernier. Quand il sera redevenu premier, il ira à l’école des grammairiens, où il se retrouvera à nouveau débutant et le dernier de tous… Si le monde visible comporte déjà tant de gradations, combien davantage les mystères célestes auront-ils leurs progressions et verront-ils s’accroître le nombre de leurs degrés ; c’est donc au prix de beaucoup d’exercices et d’épreuves que celui qui les parcourt devient parfait. En effet, quand les chrétiens ont vraiment goûté à la grâce et portent le signe de croix sur leur intellect et sur leur cœur, ils regardent toutes choses comme du fumier et de la pourriture, du roi au dernier des pauvres, et ils sont capables de comprendre que tout le monde terrestre, tous les trésors royaux, la gloire, les paroles des sages, sont illusoires, manquent de fondement solides et ne font que passer. »</p>
<h4>Homélie 53, 17 : Le chemin étroit.</h4>
<p>… Les âmes qui désirent être unies à l’Époux céleste et régner avec lui, doivent suivre la voie étroite et resserrée dans laquelle lui-même a marché, se donnant à nous comme modèle. Si elles [les âmes] se détournent vers un autre chemin, en ne portant ni les stigmates ni les souffrances du Seigneur, ces âmes seront tenues pour des prostituées et rejetées du Royaume.</p>
<h4>Homélie 10, 1 : Le chemin vers l’illumination.</h4>
<p>Les âmes amies de la vérité et de Dieu qui, avec une grande espérance et une grande foi, désirent revêtir parfaitement le Christ, n’ont pas tellement besoin des avertissements d’autrui, et elles ne supportent pas, même un court moment, d’être privées du désir céleste et de l’amour passionné envers le Seigneur. Mais, étant totalement et sans réserve clouées à la croix du Christ, elles perçoivent en elles-mêmes, jour après jour, le sentiment d’un progrès spirituel, vers la chambre nuptiale. blessées par le désir du ciel, affamées de la justice et des vertus, elles ont un ardent et insatiable désir de l’illumination de l’Esprit… Plus elles s’enrichissent spirituellement, plus estiment être pauvres, parce que leur désir spirituel de l’Époux céleste est devenu insatiable, comme le dit l’Écriture : « Celui qui me mange a encore faim, et celui qui me boit a encore soif »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#pnote-105-6" id="rev-pnote-105-6">6</a>]</sup>.</p>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#rev-pnote-105-1" id="pnote-105-1">1</a>] Rom 13, 12</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#rev-pnote-105-2" id="pnote-105-2">2</a>] cf. Rom 12, 2</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#rev-pnote-105-3" id="pnote-105-3">3</a>] cf. Éph 4, 17</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#rev-pnote-105-4" id="pnote-105-4">4</a>] cf. Rom 8, 17</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#rev-pnote-105-5" id="pnote-105-5">5</a>] cf. Gal 6, 17</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/Dieu-est-lumi%C3%A8re-%288%29#rev-pnote-105-6" id="pnote-105-6">6</a>] Sir 24, 29</p></div>
La croissance de la vie dans le Christ - 2/2urn:md5:31221f1a854598c80b46fdcd043d42c82013-04-16T06:00:00+02:002013-04-16T06:00:00+02:00nkSpiritualitéapathéiacombat spirituelgarde du cœurGrégoire PalamashésychiaJean CassienMacaire d ÉgyptepraxisPrière du cœurthéôria <p><a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-1/2">[…]</a></p>
<h4>La pureté du cœur, porte de la contemplation<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-1" id="rev-pnote-83-1">1</a>]</sup></h4>
<p>La phase active de la vie spirituelle est moins une étape provisoire devant être définitivement dépassée un jour, qu’un aspect fondamental de cette vie, auquel nous devrons revenir simplement, lorsque le besoin s’en fera sentir. Néanmoins, si nous nous efforçons généreusement de pratiquer les commandements du Seigneur, nous obtiendrons peu à peu la « pureté du cœur », qui est un don gratuit de Dieu. Nous découvrirons peu à peu en nous, dans une zone de notre être plus profonde que l’affectivité sensible, dans le « lieu du cœur », un attrait spontané, constant et fort, vers la charité, le don de soi, l’humilité, l’obéissance et toutes les vertus chrétiennes ; nous entendrons sourdre en nous comme une eau vive qui murmure : « Viens vers le Père »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-2" id="rev-pnote-83-2">2</a>]</sup>. Nous nous sentirons attirés à nous reposer et à nous complaire en ces attraits divins, et nous découvrirons comme d’instinct la manière de les mettre en œuvre dans les circonstances concrètes de notre vie, sans qu’il soit besoin de multiplier les considérations, les raisonnements et les efforts de volonté. La crainte du châtiment, les motifs plus ou moins intéressés, céderont la place à la crainte filiale de l’homme qui, « ayant goûté la douceur d’être avec Dieu, redoute de la perdre »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-3" id="rev-pnote-83-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>Nous accéderons ainsi à un amour du Christ beaucoup plus authentique et plus profond. Dans les débuts, nous l’aimions, dans nos moments de ferveur sentie, un peu comme un adolescent s’enthousiasme pour un héros séduisant, réel ou imaginaire<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-4" id="rev-pnote-83-4">4</a>]</sup> ; et quand la sécheresse venait, nous l’aimions en quelque sorte « par devoir ». Maintenant, ce que nous aimons et goûtons en lui, c’est ce qu’il est véritablement en sa réalité divino-humaine : car ces instincts divins, ces vertus toutes pénétrées de charité dans lesquelles nous nous complaisons au plus intime de nous-même, ne sont rien d’autre que la vie divine du Christ présent en nous, et comme les traits lumineux de son visage, révélés en notre cœur par l’Esprit-Saint.</p>
<p>Cet état spirituel correspond à ce que les anciens auteurs monastiques de tradition grecque appelaient <em>apathéia</em> (littéralement : impassibilité). Mais cette <em>apathéia</em> chrétienne n’est plus l’extinction des passions – désir, crainte, joie, tristesse, etc. – que prônaient les stoïciens ; il s’agit d’une rectification et d’une intégration de ces mouvements de notre psychisme, dont l’effet est de mettre toutes leurs énergies au service de l’amour de Dieu et du prochain, et non plus au service de notre égoïsme et de notre soif de jouir. Comme l’écrivait saint Grégoire Palamas : « l’impassibilité ne consiste pas à faire mourir la partie passionnée de l’âme, mais à la transférer du mal vers le bien, à la diriger, dans sa constitution même, vers les choses divines… Il faut donc offrir à Dieu la partie passionnée de l’âme, vivante et agissante, afin qu’elle soit un sacrifice vivant… Dirige, est-il dit en effet, tout ton désir vers Dieu ; que ta colère frappe le seul serpent. Comment ces puissances de l’âme seraient-elles mortes ? Y aurait-il alors des hommes qui s’élanceraient dans l’élan divin, lors de leurs prières vers Dieu, ou se dresseraient contre le serpent lors de ses attaques ? »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-5" id="rev-pnote-83-5">5</a>]</sup></p>
<p>La tempérance et la chasteté rectifient nos puissances de désir ; la charité envers le prochain purifie notre agressivité ; l’humilité guérit la partie raisonnable de l’âme de ses vices : vaine gloire, orgueil, esprit de domination, curiosité intellectuelle et témérité doctrinale. Finalement, selon saint Isaac le Syrien, la pureté du cœur se résume dans un esprit de miséricorde universelle : « En quoi consiste, en peu de mots, la pureté ? En un cœur plein de miséricorde pour toute la création… Et qu’est-ce qu’un cœur miséricordieux ? Un cœur embrasé pour toute la création, les hommes, les oiseaux, les animaux, les démons, et tout ce qui existe, de telle sorte que, lorsqu’il les voit ou qu’il y pense, ses yeux s’emplissent de larmes à cause de la violence de la miséricorde qui émeut ce cœur d’une grande compassion. Alors, le cœur s’attendrit, et il ne peut plus supporter – qu’il en entende parler ou qu’il en soit témoin – le moindre tort ou la moindre souffrance infligés à une créature quelconque. Et c’est pourquoi, même en faveur des ennemis de la foi ou des êtres privés de raison, ou encore de ceux qui lui font du tort, il offre sans cesse des prières accompagnées de larmes pour qu’ils soient protégés et fortifiés. Il le fait même en faveur des reptiles, en raison de la grande compassion qui emplit son cœur, sans mesure, à l’exemple de Dieu »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-6" id="rev-pnote-83-6">6</a>]</sup>.</p>
<h4>La contemplation chrétienne</h4>
<p>« Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-7" id="rev-pnote-83-7">7</a>]</sup>. La pureté du cœur est le seuil de la phase contemplative de la vie spirituelle. Lorsque la charité est bien éveillée dans l’âme par l’action de l’Esprit-Saint, notre connaissance de Dieu dépasse en quelque façon le mode des notions et des concepts. Aux affirmations de la foi correspond désormais quelque chose qui est éprouvé au fond du cœur. Dieu est amour, et la charité répandue dans notre âme nous donne d’expérimenter en nous-même quelque chose des inclinations de son cœur ; c’est en ce sens que les cisterciens du XIIe siècle pouvaient enseigner que « l’amour lui-même devient connaissance », <em>amor ipse intellectus est</em><sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-8" id="rev-pnote-83-8">8</a>]</sup>.</p>
<p>La contemplation chrétienne n’est donc pas une connaissance intellectuelle supérieure, mais une expérience de la présence divinisante du Christ et de son Esprit en nous. Aussi les anciens auteurs spirituels parlent-ils volontiers à ce propos de « douceur », de « chaleur » intérieures, d’<em>affectus</em> et de <em>fruitio</em>. Mais ce sentir spirituel est d’un tout autre ordre que les consolations sensibles des débutants. C’est pourquoi les mêmes auteurs insistent sur la mesure qui doit toujours accompagner la vraie ferveur spirituelle ; l’ivresse que suscite la venue de l’Esprit-Saint est une « sobre ivresse ». Toujours, ils se sont montrés d’une extrême réserve à l’égard des exubérances trop enthousiastes, des « visions », des « révélations », et, d’une façon générale, de toutes les formes d’exaltation religieuse procédant d’une sensibilité que la grâce n’a pas encore recréée en ses racines.</p>
<p>À la contemplation, la tradition spirituelle associe souvent les larmes. Larmes silencieuses et paisibles, qui ne procèdent pas d’un émoi superficiel de la sensibilité, mais qui témoignent de la transfiguration des profondeurs de l’âme et de l’être tout entier par la grâce. « Baptême dans l’Esprit-Saint », qui n’est pas un doublet charismatique du sacrement, mais qui donne l’assurance expérimentale de la pleine purification intérieure et manifeste le plein épanouissement des réalités divines dont le baptême sacramentel présentait l’image et conférait le germe. Ces larmes sont « la surabondance et le débordement de la rosée versée d’en-haut, dans l’intime de l’âme, et une ablution de l’homme extérieur destinée à manifester la purification de l’homme intérieur ; ainsi, alors que, dans le baptême des enfants, l’ablution extérieure signifie et annonce la purification intérieure, ici, au contraire, la purification intime précède l’ablution extérieure. Ô heureuses larmes, par lesquelles sont purifiées les souillures intimes et éteint l’incendie des péchés ! Bienheureux, vous qui pleurez ainsi, car vous rirez<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-9" id="rev-pnote-83-9">9</a>]</sup> »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-10" id="rev-pnote-83-10">10</a>]</sup></p>
<p>L’illumination intérieure, la chaleur du cœur, les larmes, sont ainsi les signes de la restauration de la ressemblance divine, de la déification. La volonté de la créature est alors véritablement « mêlée » à celle de Dieu, selon l’expression des Pères, et l’être entier participe à la nature divine « L’Esprit-Saint pénètre la volonté de l’homme, dit Aelred de Rievaulx, l’élevant des choses terrestres vers les choses d’en-haut, et il la transforme en lui donnant mode et qualité divins ; adhérant à Dieu, indissolublement agglutinée à lui, la volonté de l’homme ne fait plus qu’un esprit avec lui Celui qui adhère au Seigneur devient un esprit avec lui<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-11" id="rev-pnote-83-11">11</a>]</sup> »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-12" id="rev-pnote-83-12">12</a>]</sup>. Et saint Grégoire Palamas : « Ainsi, le don déifiant de l’Esprit est une mystérieuse lumière et transforme en lumière ceux qui reçoivent sa richesse… Ainsi Paul, selon saint Maxime (le Confesseur), ne vivait plus d’une vie créée, mais d’une vie éternelle qui appartenait à celui qui était venu habiter en lui »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-13" id="rev-pnote-83-13">13</a>]</sup>.</p>
<h4>Degrés et aspects de la contemplation</h4>
<p>Un premier aspect de la contemplation consiste dans la façon dont une âme profondément purifiée considère les réalités créées. Lorsque l’âme est suffisamment purifiée et pacifiée, la considération des créatures, au lieu d’éveiller en elle un appétit de jouissance égoïste ou de la « distraire », lui révèle Dieu. Elle possède une sorte de tact surnaturel qui lui fait découvrir les intentions créatrices qui s’expriment dans la nature et lui donne de percevoir dans les événements comme une parole que Dieu lui adresse personnellement.</p>
<p>Pour celui dont le cœur a été purifié par la force du Christ ressuscité, le monde entier devient comme un immense « buisson ardent » où transparaît la gloire de Dieu. Par son ascèse, le moine libère ainsi la création de la vanité à laquelle elle avait été soumise contre son gré, il la transfigure par la croix qu’il a prise sur ses épaules, et, en l’immolant ainsi mystiquement par son propre renoncement, il restaure, dans le Christ, la liturgie cosmique dont le premier Adam devait être le prêtre. Il perçoit que « tout soupire et tend vers la liberté des enfants de Dieu »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-14" id="rev-pnote-83-14">14</a>]</sup>, que la création entière est ainsi traversée d’un mystérieux mouvement qui correspond à celui que l’Esprit a inscrit dans son cœur, et qu’ainsi, « la prière intérieure est dans tous et en tout »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-15" id="rev-pnote-83-15">15</a>]</sup>.</p>
<p>En même temps, le regard spirituel qui s’est éveillé en lui, lui permet, dans la lecture de l’Écriture Sainte, de ne plus s’arrêter à l’écorce historique, anecdotique, des faits du passé, mais d’y découvrir la Parole de Dieu toujours actuelle, adressée à lui personnellement. Dans l’histoire du Peuple de Dieu, il lit l’histoire des interventions de Dieu dans sa propre vie, et dans la vie de l’Église entière. Les rites liturgiques s’éclairent pour lui de la même façon. En tout, il dépasse comme d’instinct la superficie des choses et leur attrait purement humain et sensible, pour y découvrir et y goûter la présence agissante de Dieu et le reflet de son visage.</p>
<p>Néanmoins, ce n’est pas cette contemplation de Dieu dans l’Écriture, la création ou les événements, qui constitue le sommet de l’expérience chrétienne dans l’Esprit. Au-delà de cette « contemplation de la nature » (<em>théoria physiké</em>), se situe ce qu’Évagre appelait la « connaissance essentielle » (<em>gnôsis ousiôdès</em>), et saint Cassien la « prière pure ». L’homme est alors si profondément saisi par Dieu, dont il expérimente la présence intime au-delà de tout discours intérieur, dans le silence des images et des concepts, qu’il est comme arraché au monde présent (excessus), et – sans jamais perdre sa distinction personnelle – dépouillé de toute l’opacité de son « moi » charnel, de son individualité, pour entrer dans une union ineffable avec les Personnes de la Sainte Trinité.</p>
<p>Ces visites de l’Esprit-Saint comportent d’ailleurs bien des degrés et bien des modes. « Il arrive, dit saint Isaac le Syrien, que les paroles prennent une suavité singulière dans la bouche, et que l’on répète interminablement le même mot sans qu’un sentiment de satiété vous fasse aller plus loin »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-16" id="rev-pnote-83-16">16</a>]</sup>. Et saint Cassien : « Souvent, c’est par une joie ineffable et par des transports que se révèle la présence salutaire de la componction, tellement l’immensité même de la joie la rendent intolérable… Parfois, au contraire, toute l’âme descend et se tient cachée en des abîmes de silence ; la soudaineté de la lumière la saisit et lui ôte la parole ; tous ses sens demeurent retirés au fond d’elle-même ou complètement suspendus ; et c’est par des gémissements inénarrables<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-17" id="rev-pnote-83-17">17</a>]</sup> qu’elle épanche devant Dieu ses désirs. Quelquefois, enfin, elle étouffe à ce point de componction et de douleur, que les larmes seules sont capables de la soulager »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-18" id="rev-pnote-83-18">18</a>]</sup>. « Une autre fois, dit saint Macaire d’Egypte, ceux-là gémissent et se lamentent, pour ainsi dire, au sujet du genre humain, implorant Dieu pour toute la descendance d’Adam. S’ils sont ainsi en deuil et en larmes, c’est qu’ils brûlent de l’amour de l’Esprit<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-19" id="rev-pnote-83-19">19</a>]</sup> pour l’humanité. Puis de nouveau l’Esprit produit en eux une telle allégresse et un tel élan de charité qu’ils voudraient, si c’était possible, enfermer dans leur cœur tous les hommes, sans distinction de bons et de mauvais. À un autre moment, l’Esprit-Saint leur inspire une telle humilité par rapport aux autres hommes, qu’ils se tiennent pour les tout derniers et les plus insignifiants. Après cela, l’Esprit les fait de nouveau vivre dans une joie ineffable »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-20" id="rev-pnote-83-20">20</a>]</sup>.</p>
<h4>La prière continuelle</h4>
<p>Plus encore qu’à une expérience transitoire, si lumineuse soit-elle, la recréation du cœur par l’Esprit-Saint conduit l’homme à un état de prière constante. Par lui-même, l’homme peut prier fréquemment, renouveler souvent des actes explicites de prière ; mais cela n’est pas encore la véritable prière continuelle. Celle-ci, qui s’identifie à la « prière du cœur» au sens plein du mot, et n’est qu’une forme diffuse de la prière contemplative, est un don gratuit de l’Esprit-Saint. Elle implique que l’emprise de la charité sur l’âme soit devenue si profonde et si universelle que toutes ses actions et ses attitudes en procèdent comme spontanément. Toute la vie devient alors prière, parce qu’elle est entièrement orientée vers Dieu, sans nulle recherche d’amour-propre, autant qu’il est possible ici-bas à la faiblesse humaine. L’aspiration vers Dieu que l’Esprit a inscrite dans notre cœur et à laquelle nous adhérons alors entièrement, inspire toute notre activité, et, en toutes choses, notre cœur ne recherche et ne goûte plus que la saveur de Dieu. Saint Isaac le Syrien enseigne que « lorsque l’Esprit établit sa demeure dans un homme, celui-ci ne peut plus s’arrêter de prier, car l’Esprit ne cesse pas de prier en lui. Qu’il dorme ou qu’il veille, la prière ne se sépare pas de son âme… Les mouvements de l’esprit purifié sont des voix muettes qui chantent dans le secret cette psalmodie à l’Invisible »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-21" id="rev-pnote-83-21">21</a>]</sup>.</p>
<h4>La loi du progrès sans fin</h4>
<p>Entre les divers degrés de la vie spirituelle, tel qu’ils viennent d’être esquissés, il ne faudrait pas établir de distinctions trop accusées. Dans une certaine mesure, il s’agit moins d’étapes successives que des divers aspects d’une croissance vitale. Il faut surtout en retenir, d’une part, que l’union profonde avec Dieu, l’expérience de l’effusion de l’Esprit, doit être préparée et soutenue par le long combat spirituel de la « vie active », et, d’autre part, que notre vie dans le Christ est essentiellement progressive. « La perfection en cette vie, comme le dit l’Apôtre<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-22" id="rev-pnote-83-22">22</a>]</sup>, n’est pas autre chose que l’oubli du chemin parcouru pour s’étendre, par une tension de tout soi-même, vers ce qui est en avant »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-23" id="rev-pnote-83-23">23</a>]</sup>.</p>
<p>Comme l’enseignait saint Macaire d’Égypte, quiconque a savouré, ne fût-ce qu’un peu, la douceur de la charité, désire par là même davantage. Le juste ne croit jamais avoir atteint le but, jamais il ne dit : « Cela suffit », mais il est toujours travaillé par la faim et la soif de la justice. Ne pas vouloir progresser serait déchoir<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#pnote-83-24" id="rev-pnote-83-24">24</a>]</sup>.</p>
<div class="footnotes"><h4 class="footnotes-title">Notes</h4>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-1" id="pnote-83-1">1</a>] Extrait de : <strong>Nous avons vu la vraie Lumière</strong>, <a href="http://www.pagesorthodoxes.net/foi-orthodoxe/temoignage-placide-deseille.htm" hreflang="fr" title="Témoignage : étapes d'un pèlerinage vers l'Orthodoxie">père Placide Deseille</a>, <a href="http://www.lagedhomme.com/boutique/fiche_produit.cfm?ref=2-8251-0019-6&type=33&code_lg=lg_fr&num=1" hreflang="fr">L’Âge d’Homme</a></p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-2" id="pnote-83-2">2</a>] St Ignace d’Antioche, <em>Aux RomaIns</em>, 7, 1 ; SC 10, p. 135-137</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-3" id="pnote-83-3">3</a>] St Dorothée de Gaza, <em>Instructions</em>, IV, 47 ; SC 92, p. 221</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-4" id="pnote-83-4">4</a>] Cf. Aelred de Rievaulx, <em>Miroir de la charité</em>, II, 17 ; PL 195, 565 D</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-5" id="pnote-83-5">5</a>] St Grégoire Palamas, <em>Défense des saints hésychastes</em>, II, 2, 22 ; éd. Meyendorff, p. 360, 362, 368</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-6" id="pnote-83-6">6</a>] St Isaac le Syrien, <em>Mystic treatises</em> ; Wensinck, p. 341</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-7" id="pnote-83-7">7</a>] Mt, 5, 8</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-8" id="pnote-83-8">8</a>] Cf. Dom J-M. Déchanet, <em>Introduction à Guillaume de Saint-Thierry</em>, <em>Méditations et prières, Bruxelles, 1945, p. 45-70 ; L. Bouyer, </em>La spiritualité de Cîteaux”, Paris, 1955, p. 151-152</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-9" id="pnote-83-9">9</a>] Mt, 5, 5</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-10" id="pnote-83-10">10</a>] Guigues II le Chartreux, <em>L’Échelle des cloîtriers</em>, 7 ; dans <em>L’Évangile au désert</em>, Paris, 1985, p. 346</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-11" id="pnote-83-11">11</a>] 1 Co., 6, 17</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-12" id="pnote-83-12">12</a>] Aelred de Rievaulx, <em>Miroir de la charité</em>, II, 18 ; PL 195, 566 C</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-13" id="pnote-83-13">13</a>] StGrégoire Palamas, <em>Défense des saints hésychastes</em>, III, 1, 35-36 ; trad. Meyendorff, 11, p. 626</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-14" id="pnote-83-14">14</a>] Rm., 8, 19-20</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-15" id="pnote-83-15">15</a>] Récits d’un pèlerin à son père spirituel, trad. Jean Laloy, Paris, 1973, p. 77</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-16" id="pnote-83-16">16</a>] Isaac le Syrien, <em>Mystic treauses</em> ; Wensinck, p. 112</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-17" id="pnote-83-17">17</a>] cf. Rm., 8, 26</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-18" id="pnote-83-18">18</a>] St Cassien, <em>Conférences</em>, IX, 27 ; SC 54, p. 63</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-19" id="pnote-83-19">19</a>] cf. Rm., 15, 30</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-20" id="pnote-83-20">20</a>] St Macaire d’Égypte, <em>Homélies spirituelles</em>, 18, 8 ; éd. Dörries, p. 180</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-21" id="pnote-83-21">21</a>] St Macaire d’Égypte, <em>Homélies spirituelles</em>, 18, 8 ; éd. Dörries, p. 180</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-22" id="pnote-83-22">22</a>] cf. Ph., 3, 13</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-23" id="pnote-83-23">23</a>] St Augustin, <em>De Trinitate</em>, IX, 1, 1 ; PL 42, 960-961</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/04/15/La-croissance-de-la-vie-dans-le-Christ-2/2#rev-pnote-83-24" id="pnote-83-24">24</a>] St Macaire d’Égypte, <em>Homélies spirituelles</em>, trad. Pl. Deseille, Introduction, p. 48-49</p></div>
Prière de Jésus et prière du cœur - p. Placide (2)urn:md5:a1abb27d5a767b3c1d4f8c782fb26cd22013-02-27T06:00:00+01:002013-03-02T08:55:11+01:00nkSpiritualitédéificationMacaire d ÉgyptepraxisPrière de JésusPrière du cœurthéôria <p>Saint Macaire, dans la suite du texte cité plus haut, insiste sur le fait que cet effort doit s’étendre à tous les domaines, et non seulement à la prière, qui ne peut être isolée de l’ensemble de la vie spirituelle :</p>
<blockquote><p>Si quelqu’un, sans avoir la prière, se fait violence seulement pour prier, pour obtenir la grâce de la prière, mais sans se faire violence pour pratiquer la douceur, l’humilité, la charité et les autres préceptes du Seigneur, sans appliquer son souci, son labeur et ses luttes à acquérir ces vertus, dans toute la mesure où cela dépend de sa volonté et de son libre arbitre, il lui sera parfois accordé partiellement, selon sa demande, une prière inspirée par la grâce, dans le repos et la joie de l’Esprit. Mais, quant à son comportement, il reste ce qu’il était auparavant. Il manque de douceur, puisqu’il n’a fait aucun effort pour en acquérir, ni ne s’est préparé à la recevoir. Il manque d’humilité, puisqu’il ne l’a pas demandée et ne s’est pas fait violence pour l’obtenir. Il n’a pas une charité s’étendant à tous, puisqu’il ne s’en est pas soucié et n’a pas lutté pour elle dans le prière, ni en cherchant à la pratiquer. Il manque de foi et de confiance en Dieu ; ne se connaissant pas lui-même, il n’est pas convaincu de son indigence, et il ne s’est pas efforcé, dans la tribulation, de demander au Seigneur une foi ferme envers lui et une confiance véritable (§ 4).</p></blockquote>
<p>L’ensemble de ces efforts constitue ce que les Pères appellent, depuis Evagre le Pontique, la <em>praxis</em>, la phase active de la vie spirituelle. Lorsque l’homme aura été purifié de ses passions et de ses vices et aura atteint la véritable humilité, et quand Dieu le jugera bon, il lui accordera les dons de son Saint-Esprit ; alors commencera la seconde phase de cette vie spirituelle, la <em>théôria</em> ou phase contemplative. L’homme n’aura plus alors à ramer pour faire avancer son embarcation, mais il devra tendre les voiles, selon une expression encore de saint Jean Climaque (<em>op. cit.</em>, 26, 5) pour se laisser mener par le souffle du Saint-Esprit, c’est-à-dire par des lumières intérieures et des instincts divins que cet Esprit suscitera dans sa conscience, lui permettant d’agir avec spontanéité, aisance et joie :</p>
<blockquote><p>Celui qui veut vraiment plaire à Dieu, obtenir de lui la grâce céleste de l’Esprit, grandir et devenir parfait dans l’Esprit-Saint, doit donc se faire violence pour pratiquer tous les commandements de Dieu et y soumettre son cœur qui ne le veut pas […]. Et ainsi, priant et suppliant le Seigneur, il sera entièrement exaucé, recevra la grâce de goûter Dieu et participera au Saint-Esprit, et ainsi, il fera croître et grandir la grâce qui lui a été donnée et qui trouve son lieu de repos dans son humilité, dans sa charité, dans sa douceur. C’est l’Esprit lui-même qui lui accorde tout cela et qui lui enseigne la vraie prière, la vraie charité, la vraie douceur, pour lesquels il s’est fait violence […]. <strong>L’Esprit lui-même en effet priera en nous, de telle sorte que c’est lui qui nous enseignera la vraie prière</strong>, que nous ne pouvons avoir maintenant, même en nous faisant violence (<em>op. cit.</em>, § 7-9).</p></blockquote>
<p>C’est alors seulement que l’on peut parler de « prière du cœur », de « prière spirituelle » ou d’ « acquisition du Saint-Esprit ». Bien entendu, cette phase de la vie spirituelle comporte des aspects divers, et elle n’exclut pas des moments de délaissement et d’abandon pédagogique de la part du Seigneur. La prière de Jésus y a encore sa place, mais d’autres états de prière peuvent aussi s’y manifester, sous la conduite de l’Esprit. Pour y accéder, il ne peut pas exister de méthode, car tout dépend de la grâce de Dieu, et de l’humilité de l’homme. Néanmoins, on peut dire que la prière de Jésus, pratiquée dans la phase active de la vie spirituelle, peut y préparer l’âme mieux que d’autres formes de prière. En effet, elle conduit à un certain appauvrissement de l’intelligence discursive, elle n’incite pas l’intellect à des réflexions, à des considérations multiples. C’est une simple supplication de l’âme en face du Christ, qui apporte déjà une grande simplification de l’activité mentale, et qui par là même, achemine l’homme vers la découverte de ces instincts profonds inscrits en lui par l’Esprit-Saint, et qui sont l’essence même de la prière.</p>
<p><em>À suivre …</em></p>Prière de Jésus et prière du cœur - p. Placide (1)urn:md5:21b60ee51438a7343d4b589bff4a7c5e2013-02-26T07:49:00+01:002013-02-26T17:56:36+01:00nkSpiritualitédéificationMacaire d ÉgyptePrière de JésusPrière du cœur <p><em>Conférence donnée le jeudi 6 mars 2008 dans la paroisse Saint Séraphin de Sarov et la protection de la Mère de Dieu à Paris par l’<a href="http://www.pagesorthodoxes.net/foi-orthodoxe/temoignage-placide-deseille.htm" hreflang="fr">archimandrite Placide (Deseille)</a></em></p>
<p>Il arrive fréquemment que l’on emploie les expressions « prière de Jésus » et « prière du cœur » comme si elles étaient équivalentes. Or, si nous donnons à ces expressions leur pleine signification, si nous les entendons dans toute leur force, elles ne sont pas équivalentes. La prière de Jésus peut être, selon notre degré de maturité spirituelle, soit une prière « active », soit une prière du cœur.</p>
<p>Qu’est-ce, d’abord, que la prière de Jésus ? Certains préfèrent parler de « prière à Jésus ». Je pense que c’est là se méprendre sur la raison pour laquelle on parle de « prière de Jésus ». Cette prière n’est pas simplement une prière adressée au Christ. Beaucoup d’autres prières, dans les livres liturgiques ou dans les manuels de prière, sont adressées au Christ. Elles n’en sont pas pour autant la « Prière de Jésus ».</p>
<p>Le propre de la prière de Jésus, c’est d’être principalement composée du nom de Jésus, qui en est comme la substance. C’est précisément pour cela qu’on l’appelle « prière de Jésus ». « Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi », disent simplement, inlassablement, les moines grecs de la Sainte Montagne<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/02/26/Pri%C3%A8re-de-J%C3%A9sus-et-pri%C3%A8re-du-c%C5%93ur-conf%C3%A9rence-du-p.-Placide%24%24essaibonjour%24%24#pnote-26-1" id="rev-pnote-26-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Le nom de Jésus est comme une « icône verbale ». Dès lors en effet qu’une icône proprement dite représente la personne du Christ, de la Mère de Dieu ou d’un saint, elle devient comme le relais de leur présence de leur rayonnement et de leur intercession en notre faveur. L’icône, assurément, n’est qu’une planche de bois, elle n’a absolument rien de divin en elle-même ; mais du fait qu’elle représente soit le Christ, soit sa Mère toute sainte, soit tel ou tel saint, nous bénéficions par son intermédiaire soit de l’irradiation spirituelle, de l’énergie du Christ ressuscité, soit de la présence miséricordieuse du saint ou de la sainte qui intercède pour nous d’une façon toute particulière quand nous vénérons leur image. De même, quand nous disons le prière de Jésus, le nom de Jésus que nous prononçons est en quelque sorte une icône du Christ, et à travers ce nom divin, bien qu’il ne soit qu’une parole humaine en sa substance, l’énergie déifiante du Christ ressuscité nous atteint. C’est une sorte de sacrement, de réalité sensible toute pénétrée de la présence agissante du Christ. De là vient la force, le pouvoir de l’invocation de ce Nom très doux de Jésus.</p>
<p>Mais quand cette prière peut-elle être qualifiée de « prière du cœur » ? Quelques passages de l a dix-neuvième <em>Homélie spirituelle</em><sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/02/26/Pri%C3%A8re-de-J%C3%A9sus-et-pri%C3%A8re-du-c%C5%93ur-conf%C3%A9rence-du-p.-Placide%24%24essaibonjour%24%24#pnote-26-2" id="rev-pnote-26-2">2</a>]</sup> de saint Macaire d’Égypte nous aidera à le comprendre :</p>
<blockquote><p>Lorsque quelqu’un s’approche du Seigneur, il faut d’abord qu’il se fasse violence pour accomplir le bien, même si son coeur ne le veut pas, attendant toujours sa miséricorde avec une foi inébranlable. Qu’il se fasse violence pour aimer sans avoir d’amour ; qu’il se fasse violence pour être doux sans avoir de douceur ; qu’il se fasse violence pour être compatissant sans avoir un coeur miséricordieux ; qu’il se fasse violence pour supporter le mépris, pour rester patient quand il est méprisé, pour ne pas s’indigner quand il est tenu pour rien ou déshonoré, selon cette parole : « Ne vous faites pas justice à vous-mêmes, bien aimés »<sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/02/26/Pri%C3%A8re-de-J%C3%A9sus-et-pri%C3%A8re-du-c%C5%93ur-conf%C3%A9rence-du-p.-Placide%24%24essaibonjour%24%24#pnote-26-3" id="rev-pnote-26-3">3</a>]</sup>. <strong>Qu’il se fasse violence pour prier sans avoir la prière spirituelle. Quand Dieu verra comment il lutte et se fait violence, alors que son cœur ne le veut pas, il lui donnera la vraie prière spirituelle</strong>, il lui donnera la vraie charité, la vraie douceur, des entrailles de compassion, la vraie bonté, <strong>en un mot il le remplira des dons du Saint-Esprit</strong> (§ <strong>3</strong>).</p></blockquote>
<p>Tout ceci est très éclairant. Saint Macaire nous enseigne que nous devons d’abord pratiquer les vertus et la prière sans en ressentir aucune envie, courageusement, en nous forçant, seulement parce que la Parole de Dieu nous le demande. Cela ne veut pas dire que la grâce de Dieu est absente ; sans elle, nous ne pourrions rien faire. Mais sa présence ne se fait pas sentir. Nous avons la sensation que tout dépend de notre effort, nous devons ramer
pour faire avancer notre barque. Et nous devons reprendre ce labeur, revenir aux mots de notre prière, chaque fois que nous nous apercevons, par un
effort d’attention, que notre esprit s’égare dans la distraction.</p>
<p>Telle est la première phase de la prière de Jésus elle-même. On ne peut pas encore parler de « prière du coeur ». Il faut nous forcer à la dire, en « enfermant notre esprit dans les mots », selon l’expression de saint Jean Climaque <em>(L’échelle sainte, 28, 17)</em><sup>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/02/26/Pri%C3%A8re-de-J%C3%A9sus-et-pri%C3%A8re-du-c%C5%93ur-conf%C3%A9rence-du-p.-Placide%24%24essaibonjour%24%24#pnote-26-4" id="rev-pnote-26-4">4</a>]</sup>, c’est-à-dire nous adresser au Seigneur en pensant qu’il est présent et qu’il nous entend et en étant attentif aux paroles que nous lui adressons, mais sans réfléchir sur ces paroles, sans laisser notre pensée se répandre même sur des sujets édifiants.</p>
<p><em>(À suivre …)</em></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/02/26/Pri%C3%A8re-de-J%C3%A9sus-et-pri%C3%A8re-du-c%C5%93ur-conf%C3%A9rence-du-p.-Placide%24%24essaibonjour%24%24#rev-pnote-26-1" id="pnote-26-1">1</a>] De passage au monastère Orthodoxe St Jean Baptiste (Maldon, Essex), un pèlerin lui demanda pourquoi les moines répétaient sans cesse, durant de longs offices et pendant des heures la nuit la même phrase « Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi, pécheur ». L’<a href="http://www.pagesorthodoxes.net/saints/silouane/silouane-introduction.htm" hreflang="fr">archimandrite Sophony</a>, higoumène et fondateur de ce monastère, lui répondit de façon très amicale : nous répétons sans cesse cette phrase parce que nous sommes lents à comprendre, mais une fois que nous avons compris, nous n’avons plus envie d’arrêter. (ndr)</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/02/26/Pri%C3%A8re-de-J%C3%A9sus-et-pri%C3%A8re-du-c%C5%93ur-conf%C3%A9rence-du-p.-Placide%24%24essaibonjour%24%24#rev-pnote-26-2" id="pnote-26-2">2</a>] <em>Les homélies spirituelles de saint Macaire</em>, traduction du père Placide (Deseille) , abbaye de Bellefontaine, 1984.</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/02/26/Pri%C3%A8re-de-J%C3%A9sus-et-pri%C3%A8re-du-c%C5%93ur-conf%C3%A9rence-du-p.-Placide%24%24essaibonjour%24%24#rev-pnote-26-3" id="pnote-26-3">3</a>] Rom., 12,19</p>
<p>[<a href="http://blog.orthodoxesdansloise.fr/index.php?post/2013/02/26/Pri%C3%A8re-de-J%C3%A9sus-et-pri%C3%A8re-du-c%C5%93ur-conf%C3%A9rence-du-p.-Placide%24%24essaibonjour%24%24#rev-pnote-26-4" id="pnote-26-4">4</a>] Traduction du père Placide (Deseille), abbaye de Bellefontaine, 1993.</p></div>